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Tempi passati
1 août 2014

Un livre raté: Le commandant Kieffer, le Français du Jour J

Posséder un tel sujet et ne pas avoir réussi à faire de ce livre un vrai chef d'œuvre pouvant aussi bien passionner ceux qui sont les enfants directs de la seconde guerre mondiale qu'une jeunesse à cours d'idéaux et d'esprit d'entreprise, relève du défi.

Stéphane Simonnet , auteur de plusieurs ouvrages sur la seconde guerre mondiale et ancien directeur scientifique du Mémorial de Caen, peut se targuer de l'avoir accompli.

En 327 pages il réussit le tour de force de ne pas accrocher le lecteur au personnage unique que fut le Commandant Kieffer à l'origine de ce que sont aujourd'hui les unités de commandos de la marine nationale.

L'ouvrage écrit en 2012 et réédité à l'occasion du 80e anniversaire a deux défauts majeurs et de taille. D'une part un plan confus et d'autre part bourré de fautes d'impression, de mots oubliés, de phrases à la syntaxe bancale. Les éditions Taillandier autant que l'auteur portent l'entière responsabilité de ce second aspect de l'édition, mépris total du lecteur qui débourse la bagatelle de 22.50 euros.

Plan confus où l'auteur passe et repasse en permanence d'une date à l'autre au lieu de suivre une chronologie que ce genre d'exposé impose. C'est bien joli de faire original mais quand cela finit à la fois par fatiguer le lecteur et brouiller sa perception du sujet ce genre d'originalité est à proscrire totalement. Tout cela se noie dans un flot continue de chiffres, de termes militaires utilisés soit sous leur sigle soit en clair.

Tout cela est fort dommage quand on sait que l'homme en question sera avec son bataillon ou sa "troup" (j'avoue ne pas savoir quel nom doit être utilisé, preuve de mon incapacité en tant que non militaire, à comprendre la hiérarchie décrite de la façon la plus confuse possible par l'auteur) le premier à fouler le sol français le 6 Juin 1944 aux petites heures du jour grâce à la courtoisie des Opérations combinées Britanniques dont son unité dépendait.

L'attaque du Casino de Ouiestreham aurait pu vous tenir en haleine et vous fasciner et pourtant cela n'arrive que de façon épisodique. On devrait se sentir à la place de tous ces jeunes, bien souvent de conditions modestes, et qui ont eu dès le départ le courage de dire non au sale régime de Vichy et de quitter la France pour la Grande Bretagne pour rejoindre De Gaulle. Quelle émotion 4 ans plus tard d'être là même pour ces hommes endurcis par un entrainement démoniaque de plusieurs mois et dont près de la moitié perdront la vie dans les quelques heures qui suivirent. Tout cela ne passe dans le livre que de la façon la plus superficielle qui soit.

Aberration totale d'aller mettre les cartes des lieux du débarquement en annexes. Pour aggraver le tout elles sont totalement illisibles. On sent bien là le professeur thésard qui s'imagine que plus une bibliographie est lourde plus intelligent est l'ouvrage. Peu importe qu'on puisse la déchiffrer ou pas, c'est de la décoration. Je ne me suis pas gêné pour le faire comprendre à Monsieur Bernard Colasse un de mes jurés de thèse en 1996 qui me reprochait alors de n'avoir cité qu'une quarantaine d'ouvrages: "Oui Monsieur, mais je les ai tous lu", lui ai-je répondu alors. On a exactement la même sensation ici. On accumule les références, les notes de renvoie en annexe, les ouvrages cités alors qu'on sait très bien que le lecteur n'ira que de façon très aléatoire les lire.

J'avais pris connaissance de ce livre grâce à l'émission de Michel Field sur la chaine Histoire, et je suis tombé de haut. J'ai lu le livre jusqu'au bout mais plusieurs fois ai failli mettre un terme à une lecture qui passait du rébarbatif, à l'ennuyeux mortel pour quelques pages grisantes.

Dommage d'avoir si mal rendu justice à un homme et son unité, laquelle du fait de son lien hiérarchique avec les Britanniques a été considérée avec un mépris total par le Général de Gaulle au point de ne la rencontrer qu'une fois si ma mémoire est bonne en 1942 et qui plus est de ne pas l'inscrire au titre de l'ordre des compagnons de la Libération. Jolie ingratitude!

On peut être Historien mais cela ne donne pas pour autant des qualités d'écrivain. Un tel sujet entre les mains d'un David Haziot ou d'un Jean Christian Petitfils aurait été un chef d'œuvre, un vrai hommage rendu à un homme que sans doute peu d'entre nous non spécialistes des questions militaires et du déroulement de D-Day, connaisse vraiment. Un vrai roman d'aventure mais n'ayant de roman que le nom car vécu seconde par seconde par des êtres faits de chair et de sang et qui se sont sacrifiés pour nous et leur pays. Monsieur Simonnet vous avez peut-être le savoir mais vous êtes bien peu capable de le transmettre du moins à l'écrit.

 

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