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Tempi passati
12 novembre 2015

Mémoires de Rudolph Von Gersdorff (suite et fin)

Je viens de finir le 2e livre sur Gersdorff. L'homme fait tâche dans ce pays sinistre de cette période monstrueuse. On a affaire à un être humain. Ses origines de la haute aristocratie Prussienne (il est né dans une ville de l'actuelle Pologne) et visiblement ayant reçu une éducation éclectique et basée sur des valeurs chrétiennes solides expliquent d'emblée son refus dès le départ du nazisme et sa haine pour Hitler et ses complices. Son attitude est constante dans toute la période et au delà. Cela lui a valu un rejet après la guerre aussi bien pendant sa captivité dans les camps américains que dans la vie civile (il est mort en 1980), d'un nombre non négligeable tant de dirigeants de la RFA que de la population allemande. En particulierdu secrétaire d'État Hans Globke – un intime d'Adenauer. Il était considéré comme un traitre à son pays! Il ne réussit jamais à obtenir du gouvernement Allemand sa
réintégration dans l'armée. . Voilà où mène le dévoiement des notions "d'honneur et d’obéissance inconditionnelle" dans l'armée.  
Dans le dernier chapitre où il décrit sa captivité il montre un trait peu louable de bon nombre des officiers et soldats américains, volant les prisonniers de leurs effets personnels. On se garde bien de faire état de cela dans tous les ouvrages que j'ai pu lire sur la période.
Bien entendu les alliés se sont bien gardés de l'interroger et de le faire témoigner sur le monstrueux crime de guerre de Katyn dont il a découvert le charnier dès le départ en avril 1943.
Il a été le créateur après la guerre des services d'urgence de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Un SAMU en quelque sorte.
Cavalier émérite, il participa à de nombreux concours hippiques mais  après une chute de cheval en 1967, il termina sa vie paraplégique. Sa fille qui signe la préface et la postface du livre le décrit comme un homme passionné par l'équitation, la musique et les femmes! Il est vrai que les photos montrent un homme d'une sacrée belle prestance!
Sa fille raconte que dans les dernières années de sa vie alors qu'elle apportait des massepains à son père elle découvrit dans l'armoire qui était dans sa chambre au moment de la tentative de Juillet 1944 pour tuer Hitler, un paquet qu'elle crut contenir ceux ci et qui en fait contenait les détonateurs qu'il avait gardé après l'attentat manqué de 1943 qu'il avait mis en œuvre.
Ce qu'il dit à la fin du livre sur le comportement Allemand après la guerre montre qu'encore à présent une partie
de la population et du pouvoir est loin d'avoir changé hélas. Le simple fait qu'encore aujourd'hui on puisse
tolérer l'existence d'une association d'anciens SS en dit long sur la question. Il met l'accent sur le niveau d'éducation de ceux des citoyens allemands concernés et cela conforte mon point de vue sur les risques graves qu'un débordement vers les extrêmes peut avoir sur n'importe quel pays dans une telle situation culturelle. La France d'aujourd'hui est dans ce cas et un vote FN aux prochaines élections pourrait avoir des conséquences catastrophiques si d'aventure se glissait une brebis galeuse parmi leurs élus et qui flattant par des mensonges savants la population, nous entrainerait dans une spirale monstrueuse. Ce n'est pas faire dans le catastrophisme que de dire cela, le terrain est bel et bien prêt pour ce genre de dérive dans notre pays: lassitude devant l'impéritie du pouvoir et des élus, baisse constante du niveau culturel du pays refusant systématiquement toutes sélections en fonction des connaissances et compétences dès le primaire et le secondaire, égalitarisme primaire dénué de tout sens critique, multiplication des implications de personnes au pouvoir dans des affaires pour le moins douteuses, manque total d'éthique et de respect des lois tant du coté du pouvoir que des citoyens.
Tout ceci n'est pas très gai mais on aurait tort de minimiser les risques et de les prendre à la légère.
Le prochain bouquin est cette fois écrit par un américain ancien correspondant à Berlin pendant la guerre et qui fut
l'auteur d'un remarquable ouvrage dans les années 60: "Montée et chute du 3e Reich" par William Shirer. Il faisait
partie des lectures obligatoires en 1ere année de sciences économiques pour le cours de droit constitutionnel. Le livre
que je commence, s'appelle "Les années cauchemar 1934-1945". C'est le premier tome de ses mémoires de l'époque où il dit entre autres:

" Ceux qui n'ont pas voulu comprendre cette histoire sont condamnés à la revivre".

Je partage totalement ce point de vue.
On n'insistera jamais assez sur l'importance de l'enseignement de l'histoire dans les écoles, surtout de cette période.

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