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Tempi passati
22 janvier 2016

Herbert von Karajan par Jacques Lorcey

Il y a de nombreuses années lors d'une mes pérégrinations chez un libraire du passage Choiseul à Paris j'ai acheté ce petit livre sur la vie de ce grand chef d'orchestre. Je l'ai rangé dans ma bibliothèque sans le lire pour ne je sais quelle raison.

A cours de lecture je viens de combler cette lacune.

Le livre fut écrit en 1978. Karajan disparaîtra 10 ans plus tard d'une crise cardiaque.

Jacques Lorcey est un ancien pensionnaire de la Comédie Française auteur de plusieurs ouvrages sur ce théâtre et d'autres sur la musique et ses interprètes dont Maria Callas. 

Le grand reproche que l'on peut faire à ce livre est son coté catalogue de concerts et d'enregistrements du maître. Visiblement admirateur inconditionnel du chef, a aucun moment on ne trouve la moindre critique négative sur ses interprétations. Mais beaucoup plus gênant est l'absence quasi totale de faits concernant sa vie non pas privée mais même publique. On aurait aimé par exemple connaitre la façon dont Karajan orienta la construction de la nouvelle salle de la Philharmonie à Berlin maison du grand orchestre. Un chef de cette stature, ayant donné par sa personnalité un style et un vrai son propre à sa direction et conception des oeuvres qu'il a présenté avec son orchestre, ne pouvait pas se désintéresser de la façon dont l'architecture de la salle influerait sur l'acoustique et la perception de l'orchestre par le public. Je ne pense pas me tromper en disant que c'est lui qui a introduit dans une salle de concerts des places de coté et même sauf erreur derrière l'orchestre. Personnellement une telle disposition des spectateurs me paraît un total non sens car on n'écoute pas une oeuvre à l'envers et cette disposition fait que toute une partie de l'orchestre se trouve couverte par les ensembles des vents et des percussions.

Karajan prétend Lorcey, se désintéressait de la publicité de façon directe. Cela me parait une contre vérité. La façon dont l'ego démesuré du maître fut mis en valeur par Clouzot dans les enregistrements vidéos de divers concerts filmés en studio, s'appelle de la pub. Pire et inadmissible de la part d'un musicien d'une telle envergure est ce disque titré "Karajan Express" paru si mes souvenirs sont bons sous le label DGG. La musique classique ne saurait être assimilée à la musique pop aux seules fins d'une diffusion large par des titres accrocheurs. Si l'on a vraiment envie de se familiariser avec ce type de musique on n'a pas pour autant besoin de ce genre de dénomination pour un enregistrement ce qui en fait un produit digne de supermarché.

Pour conclure, ce livre est profondément décevant en ce qu'il ne donne pas vraiment une vision objective du chef d'orchestre et artiste, gommant soigneusement nombre de ses défauts qui d'ailleurs lui firent du tort vers la fin de sa carrière, n'ayant pas évolué psychologiquement dans ses rapports professionnels au point de finir par se heurter de front avec le Philharmonique de Berlin du fait de son attitude dictatoriale. Le passé douteux du personnage pendant la seconde guerre mondiale est également largement passé sous silence.

De deux choses l'une ou l'on décide de faire une biographie du vivant d'un artiste tout en respectant certains aspects, en particulier sa vie privée, ou bien on s'abstient pour ne pas donner une image idyllique du personnage qui en fait un être surhumain même si être un grand compositeur ou interprète semble l'être par moment.

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