Je recommence ici un article perdu par une fausse manoeuvre . Quand donc le site mettra-t-il en place un système de sauvegarde automatique des articles en cours d'écriture au lieu de mettre des gadgets inutiles!Enfin on ne peut demander l'intelligence et l'initiative à des gens qui ne répondent même pas à vos messages en cas de problèmes....
Cela dit poursuivant ses diffusions consacrées à la Scala de Milan Mezzo Live HD nous a donné la production de 2008 qui fit pas mal de bruit à l'époque.
Mais commençons par l'histoire de cet opéra tant du point de vue du livret que de sa composition dans le temps.
Verdi s'est inspiré de différentes sources dont le drame de Schiller. C'est une commande pour l'Opéra de Paris et donc l'oeuvre de départ fut composée en 5 actes et en Français. La Scala a donné hier l'une des versions italiennes en 4 actes.
L'intrigue s'inspire de faits réels à savoir la décision conjointe de la France et de l'Espagne criblées de dettes de signer la paix à Cateau-Cambresis en 1559 et de mettre comme résolution entre autres le mariage d'Elisabeth de Valois fille d'Henri II et de Catherine de Médicis avec le fils du roi d'Espagne Philippe II, Don Carlos. Craignant les débordements de son fils trop querelleur, le roi épousa la française lui-même. Bien évidemment nombre d'épisodes de l'opéra n'ont rien à voir avec la réalité et ne peuvent être vérifiés quant à leur authenticité. Nous sommes en pleine guerres de religions, les provinces unies se sont soulevées contre l'Espagne qui y fait une répression sanglante, l'Inquisition sévit encore bien que moins virulente que sous le temps de Torquemada le sinistre inquisiteur dont s'inspire Verdi pour son personnage.
Le scénario de la version en 5 actes est le suivant (source wikipedia):
Acte I
L'action se passe en 1559 dans la forêt de Fontainebleau, durant la négociation de la paix entre la France et l'Espagne : aux termes du traité, l'Infant d'Espagne, Carlos, épousera Élisabeth de Valois, la fille du roi de France, Henri II. [l'infant et Elisabeth on 14 ans à l'époque]
Afin de rencontrer sa fiancée, Carlos est venu incognito en France : au cours d'une chasse organisée par le roi, il croise Élisabeth, accompagnée de son seul page Thibault, alors qu'elle s'est égarée. Sous prétexte de l'aider à retrouver le château, Carlos l'aborde et la conversation s'engage entre eux. Élisabeth lui parle de son prochain mariage et de ses craintes quant au fait d'épouser un homme qu'elle n'a jamais vu. Afin d'apaiser ses inquiétudes, Carlos lui montre alors une miniature représentant l'Infant d'Espagne; à la vue du portrait, Élisabeth reconnaît son interlocuteur et un duo passionné réunit les deux futurs époux, duo vite interrompu par l'arrivée de l'ambassadeur d'Espagne en France : ce dernier vient en effet annoncer la décision du roi d'Espagne, Philippe II, qui est veuf, d'épouser lui-même Élisabeth.
Cette nouvelle fait la joie des membres de la suite de l'ambassadeur, mais attriste les deux jeunes gens.
Acte II
Premier tableau : Dans le cloître du monastère de Yuste en Estrémadure.
Un moine est en train de prier près du tombeau de l'empereur Charles Quint, tandis que d'autres frères psalmodient dans la chapelle.
Carlos, venu rechercher en ces lieux un apaisement à son chagrin, croit reconnaître la voix de Charles Quint, son grand-père, dans celle du moine en train de prier.
Sa méditation est interrompue par l'arrivée de son ami Rodrigue, marquis de Posa : celui-ci rentre des Pays-Bas où il a été témoin des excès de l'occupation espagnole; il adjure l'Infant d'user de son influence auprès du Roi en faveur des Flamands. Carlos, de son côté, lui confesse son amour pour la Reine, sa belle-mère. Rodrigue lui conseille de s'éloigner de la cour et de partir aider les Flamands. Au moment de se séparer, les deux hommes se jurent une amitié éternelle.
Second tableau : Dans les jardins du monastère.
Les dames de la Cour devisent gaiement. La princesse Eboli, aussi belle qu'intrigante, commence à chanter une chanson. Rodrigue profite de cette réunion pour remettre à la Reine une lettre de sa mère (Catherine de Médicis), lettre à laquelle est joint un billet de Carlos. Il supplie ensuite la Reine d'accorder une entrevue à ce dernier. Celui-ci paraît et s'enflamme mais Élisabeth lui rappelle que, désormais, elle est sa mère. Désespéré, Carlos s'en va.
Le Roi arrive, entouré de courtisans; il s'étonne de voir la reine seule, ce qui est tout à fait contraire à l'étiquette : il décide alors de chasser de la cour d'Espagne la dame d'honneur d'Élisabeth, la comtesse d'Aremberg, qui aurait dû tenir compagnie à la Reine. Cette dernière s'efforce alors de consoler l'exilée.
Rodrigue profite de cette entrevue avec le Roi pour plaider la cause des Flamands.
Sensible à la franchise du marquis, le roi se laisse aller à des confidences : soupçonnant une intrigue entre son fils et sa femme, il demande au marquis ne pas les perdre de vue, et lui conseille de se méfier du Grand Inquisiteur.
Acte III
Premier tableau : De nuit, une fête à l'Escorial. (Ce premier tableau, souvent coupé, est celui de la création de 1867.)
La fête en l'honneur du mariage bat son plein, et Elisabeth, qui ne se sent pas le cœur de rester, demande à Eboli de prendre ses vêtements et de se faire passer pour elle dans le ballet La Péragrina qui va être donné. La princesse espère séduire Carlos et lui déclarer enfin son amour au cours de cette nuit.
Deuxième tableau : De nuit, dans les jardins de la Reine.
Carlos lit une lettre qui lui donne rendez-vous à minuit. Apercevant une femme masquée qu'il croit être la Reine, il se précipite vers elle et déverse des paroles enflammées. Mais il s'aperçoit que c'est la princesse Eboli ; se rendant compte de sa méprise, Carlos ne peut cacher sa déception à la princesse qui jure alors de se venger. Rodrigue tente de la calmer mais en vain. Elle s'en va d'un air menaçant. Le marquis conseille alors à Carlos de lui remettre les papiers compromettants qu'il pourrait avoir en sa possession.
Troisième tableau : Devant la cathédrale de Valladolid.
Le Roi, la Reine, la cour, le clergé et le peuple sont assemblés : des hérétiques condamnés par l'Inquisition vont être brûlés.
Une délégation de députés flamands, avec Carlos à sa tête, interrompt cette exécution : les députés demandent au Roi de bien vouloir écouter leur supplique. Mais Philippe les fait arrêter; Carlos, indigné, tire l'épée contre son père, ce qui lui vaut de se faire arrêter par son ami Rodrigue. Le cortège royal repart, tandis que monte la flamme du bûcher.
Acte IV
Premier tableau : à l'aube, dans le cabinet du roi.
Philippe II est plongé dans la tristesse de ne pas être aimé de sa femme, lorsqu'on annonce l'arrivée du Grand Inquisiteur : le roi l'a fait venir afin de lui demander s'il peut condamner son fils à mort pour s'être rebellé contre lui; le Grand Inquisiteur lui répond par l'affirmative, et, en contrepartie, réclame au roi la vie de Rodrigue, pour ses idées subversives. Mais Philippe refuse.
Arrive la Reine qui demande justice pour le vol d'un écrin. Philippe le lui tend, l'ouvre et oblige la Reine à reconnaitre le portrait de Carlos sur un médaillon et, devant l'accusation d'adultère, Élisabeth perd connaissance.
A l'appel du Roi accourent Rodrigue et la Princesse Eboli.
Tandis que Philippe regrette ses soupçons, la princesse avoue à la Reine avoir volé elle-même l'écrin pour la faire accuser d'adultère. Elle confesse avoir elle-même commis le crime dont elle accusait la Reine, à savoir d'avoir aimé Carlos. Élisabeth lui laisse choisir entre le couvent et l'exil.
Second tableau : en prison.
Rodrigue rend visite à Carlos en prison : il lui avoue qu'il est un homme menacé après que l'on a découvert chez lui les documents compromettants que lui avait remis Carlos. Deux hommes pénètrent alors dans la cellule; l'un a une tenue d'inquisiteur; l'autre tue Rodrigue d'un coup d'arquebuse; en expirant, Rodrigue confie à Carlos qu'Élisabeth l'attend le lendemain au couvent de Yuste.
Le Roi, escorté du Grand Inquisiteur et des princes, arrive pour délivrer son fils, mais celui-ci le repousse; on entend sonner le tocsin et le peuple envahit la prison pour délivrer l'Infant. Mais l'intervention du Grand Inquisiteur décourage le peuple, qui finalement se rallie au Roi.
Acte V
Dans le couvent de Yuste, Élisabeth est en train de prier devant le tombeau de Charles Quint, lorsque Carlos vient lui annoncer son départ pour les Flandres. Ils se disent adieu, au moment où arrive le Roi, accompagné du Grand Inquisiteur : celui-ci veut faire arrêter l'Infant qu'il soupçonne de vouloir soutenir les Flamands. Don Carlo se défend.
À ce moment, un moine arrive : il porte la couronne royale et entraîne Carlos dans les profondeurs du cloître; le Roi et tous ceux présents sont frappés de stupeur en ayant cru reconnaître l'empereur défunt.
La composition de l'oeuvre et ses versions successives
Il serait trop long d'expliquer ici la genèse et les développements successifs de la composition de cet super production verdienne. Verdi apportera de multiples révisions à son opéra ce qui pose un problème de taille aux opéras qui doivent choisir entre l'une ou l'autre versions, se trouvent confrontés aux oppositions entre les tenants de telle ou telle version qu'ils considèrent comme la version complète de référence etc.
On adore se chamailler avant, pendant et après les productions tant du coté producteurs, chanteurs, que spectateurs et je dois faire partie du lot!lol!
Cela dit il est convenu de considérer que l'oeuvre eut les principales moutures suivantes:
Version originale (1866) : composée en français, elle comprend cinq actes sans ballet.
Version de Paris (1867) : Verdi ajoute le ballet La Pérégrina à la version originale et effectue diverses coupures afin de maintenir la durée de l'œuvre.
Version de Milan (1884) : Verdi supprime l'acte I et le ballet ; en outre, il remanie une grande partie de l'œuvre conformément au livret révisé par Du Locle et traduit en italien.
Version de Modène (1886) : dans cette version, l'œuvre retrouve l'acte I ; il s'agit d'une version hybride entre les versions de 1867 et de 1884. Il semble que Verdi n'ait pas participé à ce remaniement.
C'est la version de 1884 que la Scala a semble-t-il choisi en y incluant quelques éléments des autres versions.
C'est cette version fut donnée à l'Opéra Garnier dans une reprise de choix sous l'ére Liebermann en 1975 de la production de Margerita Wallmann dans des décors superbes de Jacques Dupont et en tête d'affiche le phénoménal Nicolaï Ghiaurov décédé en 2004.
La nouvelle production Milanaise comporte les artistes suivants dirigés par Daniele Gatti l'actuel directeur musical de l'Orchestre National de France:
Don Carlo - Stuart Neill
Filippo II - Ferruccio Furlanetto
Rodrigo - Dalibor Jenis
Il grande Inquisitor - Anatolij Kotscherga
Elisabeth de Valois - Fiorenza Cedolins
Princess Eboli - Dolora Zajick
La mise en scène et les décors sont signés Stéphane Braunschweig
On est loin tant s'en faut de ce niveau avec la production de la Scala qui a des qualités mais aussi bien des défauts que résume assez bien l'article du Figaro de Christian Merlin au lendemain de la première de 2008:
"Il faut l'avoir vécu une fois dans sa vie. Il n'y a guère d'autre endroit où une première d'opéra déclenche une telle effervescence : en Italie, l'ouverture de la saison de la Scala de Milan est à la une de tous les médias chaque 7 décembre. En première page du Corriere della Serra ? Les récriminations du ténor Giuseppe Filianoti, chassé de la distribution et remplacé par son collègue Stuart Neill : l'orchestre et les chœurs ayant retiré leur préavis de grève, il fallait bien un scandale ! En ouverture du journal télévisé ? Les célébrités attendues à la première, à commencer par le footballeur David Beckham. Et sur place, une foire d'empoigne digne de la montée des marches au Festival de Cannes : parqués derrière des barrières par des carabiniers courtois mais présents, des milliers de badauds guettent l'arrivée des people avec avidité, sur une rue fermée à la circulation.
Une fois à l'intérieur du théâtre, le sport consiste à accrocher la lumière pour entrer dans l'objectif des caméras et appareils photos, et montrer son smoking et sa robe longue. Ce décorum fait partie du folklore du 7 décembre à la Scala de Milan : le monde ne serait pas tout à fait pareil sans, et même si l'on préfère des soirées lyriques plus sobres, il est rassurant de voir que l'opéra peut encore à ce point mettre en ébullition un monde des grands médias auquel il a de moins en moins accès. Outre la retransmission sur écran à l'Auditorium du Louvre, la représentation était diffusée en direct sur France Musique et en léger différé sur Arte.
Un spectacle assez neutre
Le problème, dimanche soir, c'est que le résultat artistique ne fut pas à la hauteur de l'événement mondain. C'est même à un Don Carlo assez terne que l'on a assisté. Une soirée qui évoquait plus un spectacle de répertoire qu'une première à la Scala. Responsables ? La mise en scène de Stéphane Braunschweig, d'abord. Comme s'il avait été neutralisé par l'énormité du lieu, le metteur en scène français a produit un spectacle assez neutre : dans des parallélépipèdes gris d'une grande froideur, il met de côté l'intrigue politique pour se concentrer sur l'intériorité des personnages, insistant sur leur rapport à une enfance perdue, mais il le fait en abdiquant toute direction d'acteurs. En costumes Renaissance, les chanteurs paraissent livrés à eux-mêmes, reprenant dans leur jeu toutes les conventions de l'opéra d'autrefois.
Autant dire que l'on n'avait pas besoin de Braunschweig pour ça : comme s'il s'était persuadé que pour le public milanais il ne faut surtout pas choquer, il a renoncé à ce qui fait d'habitude la force de son travail. Cela ne lui suffit pas à éviter les huées des loggionisti, ces spectateurs du poulailler qui sont le baromètre du théâtre. Des sifflets qui n'épargnèrent pas non plus le chef Daniele Gatti : sans doute une cabale, comme on les aime en Italie. Il est vrai que sa direction fut fort décevante : très appuyée, éprise de détails symphoniques, mais manquant de continuité dans le rythme dramatique et singulièrement d'élégance.
La distribution ? Reflet de la difficulté actuelle de distribuer un tel ouvrage. Solide mais sans grâce, le ténor Stuart Neill, qui sauva la soirée avec aplomb. Plein de grâce mais sans solidité, le baryton Dalibor Jenis, timbre séduisant mais format un peu léger. Probe mais monochrome, la soprano Fiorenza Cedolins, sans doute tendue par l'enjeu. Les deux vieux routiers de la distribution furent les plus applaudis : la basse Ferruccio Furlanetto, Philippe II toujours efficace, et la mezzo Dolora Zajick, Eboli toujours mordante. Ils ne sont pas de grands stylistes, mais ils savent leur Verdi et possèdent toutes les ficelles du métier, dans des rôles actuellement en mal de titulaires capables de faire renaître l'âge d'or du chant verdien."
Il est évident qu'avec ses plus de 100kgs fillette le Carlo de cette production ne pouvait dégager de grâce. Rodrigue était excellent et si elle aussi n'était pas en surcharge pondérale des plus marquées, Eboli aurait été encore plus convaincante.Mais comment garder son sérieux devant le couple Eboli-Carlos de la fameuse confrontation-déclaration d'amour!!!!! Ajoutez à cela la fâcheuse habitudes des chanteurs de la Scala de lorgner à tout bout de champs vers le chef d'orchestre! Bon dieu à ce niveau on connaît sa partition, ses attaques et ses jeux de scènes ou alors on fait un autre métier! Et ne parlons pas des déclarations d'amour face public sans se regarder une seconde!
On se demande enfin ce qui a pris au metteur en scène de nous coller à tout bout de champ Carlos, Rodrigue et Elisabeth enfants sur la scène. Pauvres gamins ils y sont perdus et ne garderont bien sûr que le souvenir d'être montés sur la scène de l'illustre opéra que comme un beau conte de fées tout éveillé. Mais pour nous spectateurs , c'est le type même de parasitage d'une oeuvre théâtrale à proscrire sans discussion possible.
Quant au jugement sur Gatti de Merlin, je le trouve très injuste; ce n'est évidemment pas Solti mais il est des chefs irremplaçables et on doit bien tourner la page.
En un mot un bon spectacle sans plus et le plaisir de réentendre une magnifique partition.
Si vous voulez entendre une version magnifique c'est bien celle de Solti de 1965 chez DECCA avec la distribution suivante:
Choeurs et Orchestre du Royal Opera House of Covent Garden, Georg SOLTI (direction), avec : Renata TEBALDI (Elisabeth), Carlo BERGONZI (Don carlos), Grace BUMBRY (Eboli), Dietrich FISCHER-DIESKAU (Rodrigue), Nicolai GHIAUROV (Philippe), Martti TALVELA (l'Inquisiteur), DECCA, 1965-Excellente version de Modène, en italien.
Mercredi soir Mezzo Live HD donnera le spectacle d'ouverture de la Scala de 2010, Simon Bocannegra de Verdi dirigé par Daniel Barenboim dans la production de l'Opéra de Berlin de 2009. On verra le résultat!
Voici enfin pour la bonne bouche un extrait du Don Carlo de Salzbourg dirigé par Karajan avec Nicolaï Ghiaurov en Philippe II, dans le fameux air "Ella giammai m'amò", ici la 1ere partie de l'air suivi de la 2e dans le post suivant.