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3 février 2016

Articles publiés entre 2006 et 2014 sur Blogspace, livres

Cosima Wagner, une femme insupportable et malfaisante!  (Livres)posté le mercredi 02 juillet 2014 06:39

Je viens d'abandonner la lecture du journal de la femme de Wagner, Cosima fille de Franz Liszt.
Elle est tuante et sa haine pour la France est insupportable. J'abandonne la lecture au moment où se déroule la guerre de 1870. Elle dit en toutes lettres qu'elle rêve de voir Paris bombardé et détruit! Comment peut-on écrire pareille chose d'une ville qui a hébergé son mari en fuite et également son couple et est votre ville natale?

C'est vraiment une femme infecte et il n'est pas étonnant alors que la descendance éduquée comme elle le fit en soit arrivée à soutenir, 3/4 de siècle plus tard, Hitler et ses méfaits. Ce sera toujours l'ombre sur la musique géniale de son époux.

Comment a-t-il pu supporter pareille mégère. Le proverbe arabe tient bon la route:
"La guenon au yeux du singe est une gazelle".

Je regrette profondément d'avoir investi dans ces 4 volumes de 1000 pages. De l'argent jeté par la fenêtre pour lire à longueur de pages son soit disant intellectualisme et ses jérémiades de bigote mal baisée!

Le couple Wagner est l'image quasi caricaturale de parasites vivant luxueusement aux frais du Prince (Louis II de Bavière) d'une ingratitude dépassant l'imagination, et d'une suffisance à l'égard de leur entourage hallucinante. Leur francophobie ne les empêche pas néanmoins, par ce besoin de se croire partie prenante de la bonne société de l'époque, de se coltiner avec l'aristocratie de l'époque ou le ministre de Napoléon III, en la personne d'Emile Ollivier l'époux de la soeur de Cosima, Blandine ou de célébrités telles Nietzsche ou Catulle Mendés.

La prétention de cette femme va jusqu'à prédire à tort que son fils Siegfried, alors à peine agé de 2 ans, sera un compositeur de génie! On a vu le résultat. Qui connait aujourd'hui les essais de compositeur de cet homme sans doute qualifiable de raté de la famille?!

Une réelle perte de temps dont la lecture seule pour des raisons d'étude du contexte des oeuvres de Wagner peut justifier.

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Biographie de Dimitri Chostakovitch de Krzystof Meyer  (Livres)posté le mardi 29 avril 2014 10:46

Krzysztof Meyer a étudié la composition à l'École nationale supérieure de Musique de Cracovie, d'abord dans la classe de Stanislaw Wiechowicz et après sa mort avec Krzysztof Penderecki. Il a terminé les cours de composition en 1965 et un an après, ceux de théorie (il a reçu deux diplômes d'études supérieures avec distinction). Il poursuivit ensuite ses études dans le domaine de la composition et du jeu du piano à Paris, sous la direction de Nadia Boulanger.

Dans les années 1966-1968, Meyer collabore en tant que pianiste avec l'ensemble de musique d'avant-garde MW2, en donnant des concerts en Pologne et dans la plupart des pays européens.

Après avoir terminé ses études, il a commence son activité pédagogique. Il enseigne à l'Académie de musique de Cracovie de 1966 à 1987, en exerçant en même temps la fonction du vice-recteur de l'académie (1972-1975), et de directeur de la Chaire de la Théorie de musique (1975-1987). Depuis 1987 il est professeur de composition à la Hochschule für Musik à Cologne. Il donne également des cours sur la musique contemporaine dans de nombreux pays (l'Autriche, le Brésil, la France, l'Allemagne, la Suisse, le Venezuela, l'Union Soviétique). Krzysztof Meyer, en dehors du jeu du piano et de la pédagogie, a écrit également des ouvrages sur la musique. Il est auteur du premier livre polonais sur la vie et l'œuvre de Dmitri Chostakovitch et Witold Lutosławski ainsi que de quelques dizaines d'articles, consacrés surtout à la musique contemporaine, publiés en Pologne et à l'étranger. Dans les années 1971-1989, il est membre de la Direction de l'Union générale des compositeurs polonais, dont il devient le président entre 1985-1989. De plus entre 1974 et 1988, il prend part aux travaux du comité du programme du Festival international de la musique contemporaine « Warszawska Jesien » (Automne de Varsovie). (Source Wikipedia).

Krzysztof Meyer a eu l'occasion d'avoir des entretiens avec Chostakovitch et la biographie qui fut publiée en 1994 en langue allemande est considérée comme une référence sur la vie du compositeur. Elle a été traduite en français et publiée chez Fayard.

Cet ouvrage de près de 600 pages, ,non seulement permet de prendre connaissance des circonstances de composition des différentes oeuvres du compositeur mais aussi d'avoir un éclairage sur les relations de celui ci avec le pouvoir en place avant et après la période stalinienne.

Il ressort de cette confrontation une impression particulièrement dérangeante devant l'incapacité chronique du compositeur à se situer réellement et à prendre vraiment position. On me dira que devant un monstre comme Staline et un régime aussi ignoble que celui qui sévit toujours en Russie - cessons  une fois pour toutes de rêver et de croire que le régime de Monsieur Poutine est celui de la démocratisation dans un pays placé sous la coupe d'un ancien membre du KGB dont même les origines de la fortune font la une des journaux - , Chostakovitch aurait eu du mal à prendre position.

Il suffit de constater que de nombreux artistes ont eu le courage au risque de perdre la vie ou d'être internés dans les camps de concentrations soviétiques.

En lisant cet ouvrage on est frappé par la contradiction permanente entre les actes du compositeur et ces déclarations intimes. Comment un homme de cette envergure a-t-il pu d'un coté dire qu'il ne faisait pas de politique, puis baisser la garde et devenir membre du parti communiste et représenter son pays lors de multiples réunions et voyages internationaux? Lors d'une conférence au USA, il fut amené à se contredire et à approuver un article de la Pravda en totale opposition avec ces idées en matière artistique. Pendant près de 10 ans ses oeuvres furent mises à l'index pour des raisons atteignant un délire total. On alla jusqu'à obliger en 1948 son fils Maxime Chostakovitch à le condamner publiquement. 

L'auteur de la biographie relate la réunion entre des membres dirigeants de l'Union des compositeurs à son domicile pour examiner la version légèrement remaniée de son opéra Lady Macbeth de Mtsensk sous le nouveau titre Katerina Ismailova en 1963 et se voir critiquer de manière quasi insultante par un compositeur comme Kabalevski président la réunion! Trois ans plus tard, le monde entier célèbre par des concerts en série le soixantième anniversaire du compositeur et les mêmes qui fustigeaient et considéraient cet opéra comme une oeuvre scandaleuse, contraire aux régles idéologiques du communisme soviétique, louérent à tout rompre cette composition, Krennikov le Président de l'Union des compositeurs en tête. On autorisa enfin l'interprétation en concert de la 4éme symphonie mise au fond d'un tiroir pendant 25 ans!

On assiste ainsi à un double langage, une double attitude opportuniste qui dépasse et de très loin la faiblesse physique du compositeur durant les dernières années de sa vie. On est loin du courage d'hommes comme Alexandre Soljenitsyne ou Boris Pasternak.

Dieu merci cette impression particulièrement décevante et négative, est très largement compensée par le génie du compositeur et des oeuvres qui sont nées sous ses doigts.

Le livre par ailleurs ne fait que renforcer le mépris que l'on doit porter à un régime qui depuis près de 100 ans sévit dans cette région, d'un antisémitisme déclaré qui couta la vie à des millions d'individus exécutés ou déportés et est un échec patent sur le plan économique n'en déplaise aux rodomontades des défilés de toutes sortes.

On reste enfin choqué et scandalisé de penser qu'en France une fraction des électeurs de notre pays puisse un seul instant porter leurs voix au parti communiste qui soutint sans sourciller la terreur et les assassinats en régle perpétrés par Staline.

En conclusion une biographie particulièrement intéressante et enrichissante à tous points de vue pour qui veut connaitre le compositeur et comprendre la genêse de ses oeuvres.

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La dernière enquête du Libraire Victor Legris (Livres)posté le vendredi 04 avril 2014 08:58

Victor Legris est le personnage central des romans policiers de Claude Izner. L'auteur vient de publier un nouvel épisode de sa vie pour le moins agitée, "Le Dragon du Trocadéro." C'est dans la collection 10-18  Grands détectives.

Comme toujours nous sommes dans le Paris de la fin du XIXe début XXe siècle, très exactement en 1900 l'année de l'Exposition Universelle qui s'est ouverte à Paris officiellement le 14 Avril et verra défiler 55 millions de visiteurs jusqu'à sa clôture le 12 novembre.

Au cours de cette année deux pièces célèbres verront le jour, Poil de Carotte de Jules Renard et L'article 330 de Georges Courteline qui se sert d'une des attractions de l'exposition, le trottoir roulant, pour en faire l'accessoire central de sa comédie. M.La Brige est accusé d'attentat à la pudeur pour avoir, de sa fenêtre, montré son postérieur aux passagers du trottoir roulant! Si vous ne connaissez pas la pièce lisez là, c'est un petit bijou d'humour judiciaire!

Victor Legris et son beau-frêre et associé Joseph Pignot vont se trouver bien malgré eux empêtrés dans une série de crimes à répétition commis avec des flêches. Comme toujours les soeurs Izner nous emmênent dans une visite acrobatique du vieux Paris, brouillent les pistes à souhait. Il y a là un scénario dans le style d'écriture du roman, ce qui est normal puisque ces dames étaient d'anciennes monteuses et réalisatrices de films devenues bouquinistes. Les personnages sont truculents, entre autres la mère de Pignot vaut son pesant d'or.

Une nouvelle aventure à lire, délassante et en même temps un vrai cours d'histoire de Paris que complète en postface une chronologie détaillée des évenements, personnages célèbres nés, en vie ou disparus cette année là en France. Apprendre en s'amusant que demander de plus.

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Un livre rare  (Livres)posté le mercredi 12 mars 2014 07:30

Voici un livre rare édition manuscrite du Médecin malgré lui illustré par deux prisonniers de l'Olfag VI A de Soest en Allemagne entre 1943 et 1944, le Brigadier Maurice Varsavaux et le lieutenant Michel Kieffer. L'un a manuscript tout le texte tandis que l'autre a réalisé les illustrations non sans humour comme le montre cette photo.

J'ai la chance d'en posséder l'un des 50 premiers numérotés de cette édition en 1000 exemplaires qui fut offerte à mon père pour le remercier de son travail comme fondateur et responsable du service de cardiologie et des maladies des vaisseaux de 1930 à 1952 à l'Hôpital Français du Caire, lors de notre départ définitif d'Egypte.

 

Blog de claude101141 :Memories are made of this...., Un livre rare
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Arria Marcella, souvenir de Pompei  (Livres)posté le mercredi 12 février 2014 13:29

Arria Marcella, est une des plus jolies nouvelles de Théophile Gautier parue en 1852.
Cette courte nouvelle fantastique pourrait faire l'objet d'une adaptation cinématographique autrement plus intéressante que la stupidité qui va sortir prochainement sur les écrans;
En voici la lecture à une voix ; pour ceux qui ont visité le site, ils retrouveront figées après plus d'un siècle la disposition des ruines que nous connaissons aujourd'hui. La maison de Dioméde existe toujours et est en cours de restauration, elle a été sérieusement endommagée par des infiltrations de pluies qui ont aussi totalement détruit la maison des gladiateurs. Elle se trouve à quelques pas de l'entrée de la célèbre villa des mystères.
Un petit chef d’œuvre du romantisme peu connu.

Notes de lecture: Impasse du cadran de Claude Izner  (Livres)posté le dimanche 25 août 2013 07:30

Connaissez -vous Claude Izner?

Ce nom est le pseudonyme de deux soeurs Liliane Korth et Laurence Lefèvre.
Liliane fut monteuse de cinéma; les deux soeurs ont écrits des romans, réalisé des films de courts métrages et Liliane est aujourd'hui bouquiniste.

Leur grand succès est une série de livres policiers, les enquêtes de Victor Legris. Je crois en avoir déjà commenté un ici.

Le premier de la série Mystère rue des Saints Pères fût primé en 2003.

A ce jour 11 romans ont été publiés et traduits dans 8 langues, un douzième est en préparation.
L'action se passe dans le Paris de la fin du XIXe siécle. Legris est un libraire qui est féru d’enquêtes policières au grand dam du commissaire chargé des enquêtes. C'est un peu  le Poirot français mais sans son coté excentrique.

Ce qui est remarquable dans ces ouvrages c'est l'étendue des connaissances litteraires, historiques et autres des deux auteurs. Ce sont de vrais encyclopédies! Le style est très agréable et le texte truffé d'humour.

On retrouve évidemment dans l'écriture la profession initiale de monteuse de cinéma des auteurs, à l'affut du moindre détail, mettant le décor en scène avec une incroyable précision, des dialogues délicieux où l'on peut sans le moindre effort retrouver ton et accent des faubourgs parisiens.

Les livres sont tous sortis dans la collection 10-18 et doivent être lus dans l'ordre chronologique.
Les numéros de la collection sont les suivants: 3505-3506-3580-3682-3808-3941-4100-4186-4345-4449-4582

Je vous les conseille sans réserves vous passerez un excellent moment dans un Paris qui a tout à fait disparu.

Avec un peu d'imagination vous pouvez mettre un  visage sur ces personnages haut en couleur; pour moi Euphrosine c'est Jackie Sardou et son bagout, le libraire patron de Legris serait incarné par Jacques Sereys bien maquillé ou pourquoi pas le merveilleux Peter Ustinov hélas disparu...


En appendice les auteurs replacent les romans dans leur contexte historique politique, sociale, culturel, artistique
et rappellent quelques phrases célèbres; ainsi celle concernant le décès du président Félix Faure dans les bras de sa maitresse: la légende veut que le médecin ait demandé en arrivant "Le président a-t-il encore sa connaissance?"
On lui répondit :"Non, docteur, elle vient de s'enfuir par l'escalier"!(16 février 1899)

Quant à l'égérie du Président défunt, on l'affubla du pseudonyme imagé de "La pompe funèbre"!

Et si l'histoire allait se répéter? Certain ferait bien de faire très attention il est des âges où la grande faux vous guette! Imaginez le scandale!

Bonne lecture!

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Magda Goebbels par Anja Klabunde  (Livres)posté le samedi 15 septembre 2012 08:42

Dans la lignée de la biographie précédente voici un livre sur lequel je suis tombé par hasard dans une librairie. Il est édité chez Taillandier dans la collection TEXTO dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Il fut publié en Allemand en 1999 et traduit et publié dans cette collection en 2006 et réédité en 2011.

Cette biographie est celle de Maria Magdalena Goebbels, l'épouse de l'ignoble chef de la propagande hitlérienne, Joseph Goebbels. Cet ouvrage présente un aspect peu connu et étudié de cette sinistre période, celui du comportement de l'entourage féminin des dirigeants du 3eme Reich et peut-être du comportement de la femme allemande dans le contexte social de l'époque.

C'est grace aux mémoires de proches de cette femme, en particulier sa mère Auguste Friedländer, des mémoires de son premier époux Günther Quandt de vingt ans son aîné, ainsi que d'autres documents  ou lettres qui ont subsisté que ce livre a pu être écrit.

Il nous montre une femme cultivée, qui débutant dans la vie avec une éducation Juive stricte, parlant plusieurs langues étrangères (Italien, Français entre autres) va au travers d'une ambition démesurée pour intégrer les hautes sphères de la société de l'époque, se retrouver la première dame du Reich, vouant une admiration sans bornes à Hitler et qui malgrè un second époux au comportement privé abjecte, restera à ses cotés alors qu'Hitler lui-même est scandalisé par son attitude mais  garde son ministre car indispensable à sa politique nationale et internationale. Elle cautionnera sans équivoque tous les méfaits du régime qu'elle connait parfaitement y compris "la solution finale" et terminera sa vie avec son mari et Hitler dans le bunker en s'y suicidant. Mais fait encore plus monstrueux, elle tuera auparavant ses 6 enfants alors que plusieurs proches ou amies/amis auront tenté en vain de la faire fuir et de sauver les pauvres gamins; Albert Speer et sa secrétaire tenteront en vain dans les derniers jours de lui faire prendre conscience de l'infamie d'un tel crime sur de pauvres innocents.

On voit dans ce livre le comportement de l'homme du début du XXe siècle considérant la femme comme un objet de procréation et de standing et se considérant lui-même tout permis, comportement qui à l'époque dépasse et de loin la seule sphère Nazi.

On constate une fois de plus l'impact qu'une éducation déséquilibrée a sur le futur d'un individu qui finit par perdre tout sens des valeurs humaines et devient in fine un véritable monstre pourri par l'ambition et le désir de paraître.

Ce livre remarquablement vivant doit être lu et est un complément indispensable à la compréhension de cette époque qui hélas a fait des petits et pourrait bien se renouveler dans l'atmosphère de crise et de perte d'éthique actuelle.

 

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Notes de fin de lecture  (Livres)posté le jeudi 23 août 2012 17:19

J'ai parlé ici il y a quelques semaines du livre dont  je commençais la lecture "Albert Speer: His battle with truth" de Gitta Sereny. L'auteur comme on le sait est décédée en Juin  dernier à 91 ans et son livre fut publié en 1996 après qu'elle ait passé 18 ans à écrire cet ouvrage résultat de plusieurs semaines d'entretiens en tête à tête avec Speer, son épouse, ses enfants et un nombre incroyable de conversations avec d'anciens collègues et collaborateurs de ce personnage hors du commun. Sereny a étudié de près des milliers de documents conservés dans les archives allemandes sur les différentes phases du IIIe Reich et fait une véritable enquête pour s'assurer du bien fondé des affirmations de son interlocuteur ou de ceux qui soient lui ont voué une haine sans partage après Nuremberg ou au contraire un soutien sans faille.

Pour ce seul travail de journaliste de très haut niveau, à l'impartialité sans équivalent à ce jour, le livre de Sereny est un must que toute personne désireuse de comprendre les tenants et les aboutissants d'une des périodes les plus effroyables du XXème siècle, se doit de lire.

Mais ce n'est pas seulement une biographie, c'est aussi un livre profondément émouvant, un regard également implacable sur un homme dont l'auteur dit lui-même qu'il avait un charme quasiment hypnotique ce qui pouvait in fine vous faire croire comme vérités des mensonges éhontés. En cela Sereny  démontre sa totale impartialité et sa capacité à mettre son interlocuteur devant ses contradictions ou ses omissions volontaires.

En lisant ce livre on est quasiment partie prenante en direct des entretiens reproduits et on vit les faits comme si on était caché dans le salon où ils se déroulent.

Les dernières lignes du livre sont un remarquable et objectif hommage d'une grande journaliste à un homme qui aurait pu, il s'en est fallu de peu, n'être pas du coté de la barrière où certaines de ses faiblesses l'ont hélas conduit.

J'ai essayé de traduire le plus fidèlement possible ces quelques lignes terminant l'ouvrage que je trouve particulièrement émouvantes. (Figure entre crochets une information qui n'est pas dans le texte) :

"...c'est ce  Speer, poursuivi par une Histoire qu'il comprit probablement mieux que personne, que j'ai pu apprécier pendant les 4 ans où je l'ai côtoyé. C'est le vrai Speer qui aurait resurgi, j'en suis certaine, après l'euphorie d'une passion tardive passée,  s'il avait survécu [Speer est mort à Londres en 1981 d'un infarctus après avoir donné une interview à la BBC quelques heures auparavant].

C'était un homme sincère, qui connaissait mieux que personne le fléau de notre siècle, Hitler. C'était un solitaire et un érudit qui conscient de ses déficiences relationnelles avait lu 5000 ouvrages en prison afin de comprendre les êtres humains et l'univers de son époque, tache  qu'il mena à son but intellectuellement mais à laquelle il échoua sur le plan affectif. L'empathie est en fait un don et ne peut pas s'apprendre, aussi retournant dans le monde réel après 20 ans de réclusion, il se retrouvait toujours seul.

Non absout par un grand nombre  pour avoir servi Hitler, il choisit de passer le reste de sa vie à confronter son passé, ne se pardonnant pas lui-même d'avoir été si près d'aimer un monstre.

J'ai fini par comprendre et apprécier le combat de Speer contre lui-même et vis là, la réémergence de sa moralité intrinsèque d'enfant et d'adolescent. Il m'est apparu comme une sorte de victoire que cet homme - juste cet homme -, miné par un effroyable et ingérable sentiment de culpabilité, tenta de devenir un autre homme, avec l'aide d'un pasteur protestant, d'un moine catholique et d'un rabbin juif."

C'est in fine une grande leçon pour tout un chacun sur les dangers que  nous côtoyons en cédant trop souvent à la compromission, à l'ambition, au besoin de nous distinguer et d'être les premiers dans la vie sociale et professionnelle oubliant l'affectif et nos propres principes de morale. et d'éthique.

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Disparition d'une grande journaliste et historienne de l'Holocauste: Gitta Sereny  (Livres)posté le lundi 23 juillet 2012 18:02

Gitta Sereny vient de disparaître à l'age de 91 ans en Juin dernier. On lira ici sa biographie,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Gitta_Sereny

Je suis entrain de lire à la suite de ma lecture des deux livres d'Albert Speer dont j'ai parlé il y a quelque temps, la biographie que cette journaliste Britannique née en Autriche consacra à Speer: Albert Speer : Sa bataille pour la vérité.

Travail de près de 10 ans jusqu'à sa sortie en librairie en 1995, il est le fruit de conversations qu'elle obtient en séjournant à plusieurs auprès de Speer et de son épouse, rencontrant de nombreux proches encore vivant de ce personnage majeur de l'histoire du Troisième Reich.

Ce qui frappe le plus dans ce livre c'est l'objectivité remarquable de l'auteur face aux faits qui lui sont dévoilés, son obstination pour amener Speer à faire tomber sa réserve et parfois avouer ce qu'il s'était efforcé pour diverses raisons de dire. Elle a quasiment joué un rôle de psychanaliste avec cet homme et même son entourage.

Un livre de plus à lire absolument, véritable ouvrage de référence de l'histoire du XXe siècle.

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Une trouvaille sur les quais!  (Livres)posté le dimanche 27 mai 2012 22:25

Me promenant sur les quais l'autre jour, je m'arrête devant l'un des bouquinistes et tombe sur la transcription intégrale par Pierre Dac et Francis Blanche de leur délirant feuilleton "Signé Furax"!!

Livre en bon état et qui plus est assorti d'un petit autographe de Francis Blanche à une certaine Martine à qui il a offert le livre.

Signé Furax pour les gens de ma génération c'est un véritable symbole de l'humour décapant et iconoclaste des deux auteurs et je dirai même de toute une époque. Le seul à s'en rapprocher un peu fut Thierry le Luron quelques vingt ans plus tard.
Toutes les stupidités de la IVe république et de la IIIe y sont cataloguées.

Certaines répliques sont entrées dans le langage courant telle celle-ci en rouge dans le texte:

"Le Ministre de l'Intérieur:

Le gouvernement a déjà envisagé de prendre toutes les dispositions utiles selon les possibilités en son pouvoir, pour que , sans faiblesse, avec la dernière énergie, puisse être déposé dans, un délai d'autant moins long  qu'il sera plus court, un projet de loi concernant les mesures idoines, le cas échéant et sous toutes réserves, déterminant une action progressivement immédiate, afin que soient sauvegardés les intérèts supérieurs de la Nation, dans le respect des traditions républicaines et des institutions qui nous régissent. L'affaire Furax est l'objet de notre attention soutenue et les services compétents sont à pied d'oeuvre et la main dans la main afin de redonner à ce pays la confiance avec laquelle je vous prie d'agréer, outre l'assurance de ma considération distinguée, l'expression de mes salutations empressées." (Acclamations dans les rangs des députés à l'Assemblée Nationale).

Je ne sais pas pourquoi il me semble entendre un élu récent.......

Les aventures de Black et White, du directeur de la DDT Fouvreau, de son rival le commissaire de la PJ, Socrate, sans parler des deux imbéciles patentés, Klakmuf et Grougnache ont aussi fait l'objet de cd permettant de se replonger dans cet univers sonore qui fut diffusé chaque jour vers l'heure du déjeuner de 1951 à 1952 sur la chaîne parisienne de la RTF, puis de 1956 à 1960 sur les ondes d’Europe 1.

Pour un peu mettre au parfum ceux de mes lecteurs qui ne connaitraient pas ce phénoménal délire voici quelques informations tirées de l'article de Wikipédia:

Personnages principaux
  • Edmond Furax (Jean-Marie Amato) : dangereux criminel mégalomane qui sème la terreur par ses forfaits. Il est très charismatique et a des dons d'hypnose, il peut en outre changer aisément d'identité et se déguiser. Sa réplique fétiche est "Et c'est pour ça que tu m'aimes, Malvina".
  • Malvina Carnajoux (Jeanne Dorival) : c'est la maîtresse de Furax. Sa loyauté n'a d'égal que l'amour qu'elle voue à celui qu'elle surnomme affectueusement "Fufu". Pour lui, elle est capable de tuer.
  • Black et White (Pierre Dac et Francis Blanche) : couple de détectives privés sympathiques et maladroits. Ce sont leurs enquêtes qui servent de fil conducteur à l'intrigue.
  • Asti Spumante (Jean-Marie Amato) : ancien tueur à gage napolitain devenu propriétaire sous le pseudonyme du signor Canelloni, d’une pizzeria à Tanger, située en face du bar de la Grimace. Vénal et pusillanime, il assiste tant bien que mal Black et White dans leurs enquêtes.
  • Jean-Jacques Socrate (Maurice Biraud) : commissaire à la P.J. puis directeur de la DDT. Pour un temps, Furax fera de lui un zombie à ses ordres.
  • Justine Fiotte (Edith Fontaine) : fidèle secrétaire du directeur de la DDT, d'abord Fouvreaux, puis Socrate. Type de la vieille fille un peu fleur bleue, sa candeur n'empêche toutefois pas quelques traits de génie. Signe particulier : un cheveu sur la langue.
  • Maurice Champot dit la Grammaire (Maurice Biraud) : Personnage énigmatique, descendant de Champollion, il est le distingué patron du bar de la Grimace à Tanger. Il accompagne Black et White dans la plupart de leurs enquêtes.
  • Léon Klakmuf (Claude Dasset) : sorte de super-vilain à l'accent germanique, tout à la fois sadique et pathétique, il est le rival de Furax dans le crime, il s'associera même temporairement à lui au cours de la saison la Lumière qui éteint où il sera brièvement « prince de Morzy ».
  • Grougnache (Robert Verbeke) : brute épaisse, homme de main de Klakmuf. Sa réplique fétiche est « Je l'descends, patron ? »
  • Le Professeur Hardy-Petit (Louis Blanche) : éminent scientifique, directeur de l'Institut d'électronique expérimental et transcendantal. Par sa connaissance et son inventivité, il vient fréquemment au secours de Black et White comme de Socrate dans leur lutte contre Furax.
  • Théo Courant (Claude Nicot) : jeune ingénieur en électronique, il assiste Hardy-Petit, il reprend la direction du L'Institut électronique après la démission de ce dernier. D'abord fiancé à Carole Hardy-Petit, il l'épouse à l'issue de la deuxième saison.
  • Carole Hardy-Petit (Édith Fontaine) : fille du professeur, fiancée puis épouse de Théo Courant.
  • Pauline IV puis « Pauline V » (Pauline Carton) : la maharané de Sama Koutra
  • Le président Clodomir (Léo Campion) : extra-terrestre (Pignouf), président de la planète Astérix.
  • Le colonel Hubert de Guerlasse (Pierre Dac): chef du SDUC
  • Commissaire Alphonse Fouvreaux (Jean-Marie Amato) : directeur de la DDT, il est lancé à la poursuite de Furax (dont le nom se lit une lettre sur deux)
  • Préfet Tumelatume: Préfet du Palais sous le règne des Babus a Sama Koutra, il trahit la Maharané Pauline IV, puis les Babus.
  • L'adjudant Tifrice (Claude Dasset): adjudant guadeloupéen promoteur du rhum (de la Guadeloupe)
  • Grégory Moshmosh(Roger Carel): scientifique babu, il est l'inventeur de la lumière qui éteint
  • Jeejeeboy (Francis Blanche): factotum de la Maharané, il est analphabète, peu intelligent mais a parfois de bonnes idées
  • Maklouf: vieux sage babu, il est versé dans les traditions de la secte, pratique la divination avec un escargot et accompagne parfois, bien malgré lui, le "frère babu Klakmuf"
Géographie imaginaire
  • Gouzy (le) : fleuve français traversant Morzy-la-Gaillarde et alimentant une centrale hydroélectrique. Fleuve « historique » car franchi un jour par Louis XV, sa gestion dépend du ministère des Beaux-Arts.
  • Morzy-les-Gaillardes : commune française de Meuse-et-Loire.
  • Châtillon-sous-Meudon : commune française, où se situe l'Institut national d'électronique.
  • Barbezieux : commune de Charente, lieu de villégiature de Black et White. C'est là qu'eut lieu le serment du Jus de pomme (saisonle Boudin sacré).
  • Hors-d'Ici-sur-l'Eure : commune où se trouve l'usine de la firmePoudrilégumes, spécialisée dans la miniaturisation des légumes (saison le Boudin sacré).
  • Pastagnac-Roubignac : célèbre commune du Périgord où se trouve le château des Limaces.
  • Meuse-et-Loire : département français.
  • Filékistan (le) : État du Moyen-Orient, aux confins du sous-continent indien, né de l'annexion du Sama Kutra par la secte des Babus. Son existence fut éphémère, pas plus de cinq années.
  • Sama Kutra : royaume du sous-continent indien sur lequel règne la Maharané Pauline IV (puis « Pauline V »). Il est gouverné par Tumlatum.
  • Yadupour : capitale du Sama Kutra puis du Filékistan.
  • Astérix : planète peuplée par les Pignoufs (sans aucun rapport avec la bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo créée en 1959 dans Pilote).
Institutions, organisations, sectes...
  • DDT (Défense divisionnaire du territoire): créé par Fouvreaux, cet organisme est indépendant de la police.
  • Institut national d'électronique expérimentale et transcendantale: situé à Châtillon-sous-Meudon, il est dirigé par le professeur Hardy-Petit.
  • Musée d'Art futur: situé rue du Colonel-Canetti.
  • L'Union bancaire autonome de bourse (UBAB): banque située à Paris, à l'angle des rues Saint-Jacques et Gay-Lussac, il s'agit en réalité du quartier général français des Babus. Le bâtiment sera détruit dans une explosion déclenchée par les Babus eux-mêmes après la découverte de leur repaire par Black et White. Son acronyme lu à l'envers forme le mot BABU.
  • Babus (les): il s’agit d'une redoutable secte formée par les adorateurs du boudin sacré : le Goudgouz. Les Babus sont partout et leur mot de passe est "chaviro". Leur but est la domination du monde. Ils sont dirigés par le conseil suprême des Babus. Un profond mystère plane autour de l'existence de leur chef spirituel, le Grand Babu qui n'apparaît qu'une fois par an, le 4 mai, à l'occasion des fêtes du Mastarapion. Choisi par le conseil des Babus selon des critères très stricts : il doit être du signe du Capricorne, né une année de paix, et avoir été conçu par une nuit de nouvelle lune au moment des fêtes du Mastarapion. Lors de cérémonies secrètes, les Babus entonnent leur hymne sacré:

Tout le monde il pue

Il sent la charogne

Y a que le Grand Babu

Qui sent l'eau de Cologne

Tous le monde il pue

Il fait mal au cœur

Y a que le Grand Babu

Qu'a la bonne odeur

  • Néo-Babus (les): secte concurrente des Babus, à qui elle conteste sa légitimité. Elle est dirigée par le sar Xaruf.

Il y a eu en tout 1034 épisodes.

Plusieurs générations d'auditeurs se sont retrouvées autour du transistor pour écouter les épisodes de cette série délirante, écrite par Pierre Dac et Francis Blanche, interprétée par les plus prestigieux comédiens des années 50-60. On raconte que d'innombrables cadres ou lycéens sont arrivés en retard au bureau ou à l'école, parce qu'il n'était pas question de manquer un seul des rebondissements imaginés par les auteurs. En mai 1957 Guy Mollet, secrétaire général du Parti socialiste et président du Conseil, alors qu'il venait d'annoncer à la presse la démission de son gouvernement, a déclaré : "Messieurs, je dois vous quitter, c'est l'heure de Signé Furax." Cela fait sérieux quand on est à la veille d'une des crises majeures de la IVe République. Enfin ce n'était qu'un des 21 premiers ministres de la décennie écoulée...

En 1959, le sociologue Edgar Morin dans la Nouvelle Revue française consacre au phénomène un long article :

Je tiens Furax pour une œuvre géniale, pour la grande Illiade du siècle de l'humour. [...] Je vois dans Furax une intégration parfaite de l'épopée et de la parodie ; la parodie ne détruit pas le souffle et le souffle épique est emporté par une prodigieuse bouffonnerie. C'est bien plus que du Sapeur Camember ou du Tintin. C'est du Pantagruelà la sauce Hellzapoppin et au rythme électronique.

Vous souvenez vous quand vous étiez cadre supérieur?????  (Livres)posté le lundi 21 mai 2012 13:22

En moins de deux cents pages, Etienne Deslaumes nous emmène dans une rétrospective drôle et grinçante de nos joyeuses années de cadre d'entreprise à vocation internationale ou pas.

Son livre "Journal ambigu d'un cadre supérieur" retrace le parcours imaginaire, pas tant que ça d'un cadre juridique se retrouvant dans un nouveau groupe après une OPA dite amicale!

Fou rires garantis et situations vécues des plus authentiques même si l'auteur nous annonce en avertissement que malgré tous ses efforts ce livre reste une fiction!!!!!!!!

Par ce temps de pluie morose, un excellent divertissement voire un outil de formation pour les plus jeunes publié par les Editions Monsieur Toussaint Louverture.

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Une évasion à la Alexandre Dumas  (Livres)posté le mardi 13 mars 2012 11:50

Il est des faits historiques qui s'ils n'étaient pas racontés par ceux qui les ont vécus et leurs témoins occultes, paraitraient dignes de l'imagination fertile de romanciers tels ceux d'Alexandre Dumas.

C'est le cas en ce qui concerne le Comte de Lavalette, aide de camp de Napoléon 1er.

Ces mémoires parues dans la collection "Le temps retrouvé" méritent à ce titre seul d'être lues, ne fut-ce que pour ces quelques 100 pages terminant son ouvrage et consacrées à la façon, par moment dignes d'une pièce de Feydeau, dont il échappa le soir même précédent son exécution à la peine capitale en 1815, après le retour de Louis XVIII et de sa clique d'incapables après les 100 jours.

Il fut reproché à Lavalette d'avoir repris son poste de Directeur des postes et du Cabinet Noir sans en avoir eut l'autorisation écrite de Napoléon de retour de l'Ile d'Elbe. Considéré par Louis XVIII et le parti ultra comme responsable du retour de l'Empereur, il fit partie de la liste des proscrits établis par Fouché et Talleyrand à la demande du pouvoir. Ces deux messieurs n'en étaient pas à un retournement de veste près!

Emprisonné à la Conciergerie en novembre 1815, il passa en jugement et à la suite de trois jours de débats parfaitement organisés, de faux témoins présentés à charge, dont le frère de l'ancien directeur des postes dont il prit la place, par 8 voix sur 12 fut condamné à la guillotine, supplice infâmant réservé aux prisonniers de droit commun. Malgrès un pourvois en cassation, son sort fut décidé et il raconte de façon détaillée et avec un art consommé du suspense comment se déroulèrent les dernieres heures de son incarcération.

Pour s'armer de courage devant le sort qui l'attendait, il se faisait raconter par ses geôliers qui en savouraient le discours, comment se déroulaient les préparatifs de l'exécution.

L'avant veille du matin fatal, sa femme, parente de Joséphine de Beauharnais ex épouse de l'Empereur, vint le voir et d'un ton sans appel, après avoir en vain plusieurs fois supplié le Roi et son entourage de grâcier son époux - on reste sidéré par la façon abjecte dont Louis XVIII agit envers cette pauvre femme et sa fille de 13 ou 14 ans - elle déclara à son mari qu'il allait prendre des habits de femme, sortir de la prison au bras de sa fille, monter dans une chaise de poste, puis retrouver un cabriolet près du Palais de Justice, qui l'emmenerait en lieu sûr trouvé par un de ses amis.

Après avoir hésité et au vue de la détermination de sa femme à prendre sa place, il finit par souscrire au stratagème.

Le voilà donc accompagné du geôlier, se dirigeant vers la sortie et croisant sur son passage plus d'une vingtaine de préposés de la prison et de gardes nationaux qui avides de sensations fortes et de voir l'épouse éplorée qui vient de passer le dernier repas avec son époux au seuil du tombeau, et qui se dirige vers la chaise de poste un mouchoir couvrant son visage comme si baignés de larmes. On admire le sang froid de la gamine au bras de son père qui d'un instant à l'autre pourrait être démasqué.

Pendant ce temps son épouse se cache derrière le paravent tandis que le géôlier rentre à nouveau dans le cachot. Elle fait semblant de s'habiller pour aller dormir. Lavalette de son coté, monte dans la chaise de poste qui reste immobilisée sur la chaussée faute du second porteur qu'on finit par trouver.
Les minutes se passent et revenant une seconde fois dans la geôle, le gardien découvre la supercherie et commence à crier à l'évasion; mais trop tard la chaise est enfin partie.

Celle-ci s'arrête non loin de là près du Palais de Justice au quai des orfèvres. Lavalette monte dans le cabriolet et découvre alors que son cocher n'est autre qu'un de ses amis. Il est conduit à l'Hôtel des affaires étrangères près la rue du Bac où loge le Duc de Richelieu, un des proches du pouvoir.

Comble de l'ironie Mme de Lavalette,48 h avant l'évasion avait tenté vainement de faire intercéder le Duc auprès du Roi pour sauver son mari. Elle avait pénétré dans le bâtiment en dépit des gardes et quand celui gardant la chambre à coucher du Duc lui fit comprendre qu'elle devrait revenir le lendemain, elle s'assit et dit qu'elle attendrait jusqu'au réveil de ce dernier. Ne pouvant se débarasser  de cette importune qui troublait son sommeil , il la reçoit et lui demande de lui faire parvenir un mémoire de l'avocat de Lavalette qu'il tâchera de présenter à Louis XVIII qui ne veut plus qu'on lui parle de ce "traitre".

Arrivé dans l'Hôtel, Lavalette est conduit dans les combles où logent les domestiques des collaborateurs du duc. C'est la famille Bresson rescapée des monstruosités de la Terreur et qui se sont jurés d'aider le premier venu qui aurait à souffrir de poursuites politiques.

Sans hésiter ce courageux couple a accepté de cacher le condamné le temps qu'une solution soit trouvée à son évasion hors de France. Sont mis dans la confidence deux des valets de chambre et leur fils, risque incroyable quand on sait les primes qui seraient versées à qui retrouverait la cache de Lavalette à Paris.
Il va passer 15 jours dans cette chambre entendant dans la rue les appels à la délation le concernant.

La dessus grace à l'intervention de trois officiers Britanniques des troupes d'occupation il va pouvoir rejoindre la Belgique en dépit des contrôles multiples et des différentes barrières et postes de douanes à franchir. Il est lui-même déguisé en soldat  Anglais auprès du général qui l'accompagne.

Autre détail rocambolesque pendant qu'on le conduit à la résidence du général britannique, le cabriolet découvert  passe devant les grilles du château des Tuileries où loge le roi et sa suite, à peine à cinquante pas de là et entouré de gardes!!!!

Il restera en exil jusqu'en 1822, date de son retour à Paris. Sa femme passa 26 jours en prison puis fût relachée en raison de son état de santé mais consignée dans son hôtel du quartier St Germain. Après le retour de son mari, minée par la maladie, elle dû je crois être mise dans une maison de repos.

Le comte de Lavalette mourut en 1830 âgé de 61 ans. Sa femme luis survécut jusqu'en 1855 à 74 ans, ne s'étant jamais vraiment remise de la tragédie qu'elle faillit vivre.

Il y a peu d'exemples dans l'histoire de comportements aussi courageux et encore moins d'un acharnement à vouloir se débarasser d'un homme dont le seul défaut fut la droiture et la fidélité à son maître quand bien même comme on le découvre à mots couverts dans les derniers chapitres du livre, il se rendit bien compte de la rupture avec la réalité de l'Empereur à son retour de l'Ile d'Elbe et qui conduisit à la catastrophe finale.

Personnellement je n'éprouve aucune admiration pour Napoléon qui pour moi porte une immense responsabilité dans le déroulement des relations internationales françaises postérieurement à son régne.

Individu parvenu, assoiffé de pouvoir, comme le prédit à juste titre Talleyrand ses actes, sa boulimie de conquêtes que rien ne peut justifier, non seulement ont coûté des milliers de vies humaines mais ont fondé les bases des guerres utlérieures de 1870 et des deux conflits mondiaux, réactions des français aux occupations successives dont le pays fut la victime et conséquences indirectes des démembrement de l'Europe au Congrès de Vienne source des débordements nationalistes ultérieurs et des désirs de revenche dont la France fut entre autres un des principaux lieux.

Cette attitude inadmissible ne peut être absoute par les réalisation des principaux codes et autres décrets pris par le pouvoir pendant le régne de l'Empereur des Français. Ne parlons pas enfin des comportements débiles des Louis XVIII et Charles X et de leurs partisans qui n'ont rien amélioré sur le plan intérieur. Seuls Louis Philippe et Napoléon III ont enfin compris, surtout le second, que la donne avait changé et qu'il fallait enfin moderniser le pays et le préparer pour son entrée dans le concert du developpement industriel tel que l'Angleterre avait su le faire et dont la première exposition Universelle fût un des faits marquants sous l'égide du Prince Albert.

Il faut lire ces mémoires, témoignage des plus intéressants d'une des périodes les plus troublées de l'histoire de France et de l'Europe même si bien entendu le Comte de Lavalette montre une subjectivité totale quant aux comportements de son maître.

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Les souliers bruns du quai Voltaire  (Livres)posté le lundi 27 février 2012 09:25

Il a des souliers bruns..

On ne voit de lui que cela..

Il parcourt le quai Voltaire et s'attaque aux bouquinistes qu'il assassine de la façon la plus atroce et sans la moindre arrière pensée...

Qui est-il donc ?

Telle peut être résumée l'action du dernier roman policier de Claude Isner dont l'action remet en lisse les libraires Victor Legris et son beau-frère, Joseph Pignot au grand dam de leurs épouses respectives;

Nous sommes en 1898, année de l'affaire Dreyfus qui divise la France en deux camps et suscite une haine farouche contre les Juifs.

Ce dixième volet de cette série policière toujours écrite dans un remarquable style et superbement documentée vous fait à nouveau parcourir ce Paris de la fin du siècle et vous tient en haleine jusqu'au bout.

On lui reprochera peut-être une certaine lenteur au démarrage mais ce défaut est compensé par une fin très originale à laquelle on est loin de s'attendre et qui dégénère en un éclat de rire intérieur du lecteur dans les dernières pages du livre.

Il ne faut surtout pas la dévoiler cela gacherait le plaisir.

C'est paru au livre de poche de la collection 10-18. A lire.

Claude Isner et sa soeur écrivent sous un pseudonyme, sont d'anciennes monteuses de cinéma et ce sont converties en bouquinistes sur les quais de Paris.

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Doucement les basses ossia Dîner avec Gabriel Bacquier, José Van Dam et Claudio Desderi (Livres)posté le dimanche 26 février 2012 09:09

Qui n'a rêvé dans sa vie de se retrouver en tête à tête avec un ou une artiste de talent qui nous a émerveillé par sa prestation en scène ou au cinéma?

Ce rêve de mélomane et peut-être encore plus d'opéraphile ou balletomane, Sylvie Milhau nous le fait réaliser au travers de son livre  dont le titre figure en titre de cet article.

Pour un soir elle nous emmêne avec elle dîner au célèbre restaurant de la Tour d'Argent près de l'Ile Saint Louis et par un hasard savamment calculé se trouve seule à table non loin de celle de trois individus tonitruants et délirants , les trois plus grandes figures de la scène lyrique internationale du XX siècle, Bacquier, Van Dam, Desderi.

Avec un culot monstre elle se lève et propose une standing ovation à ces trois monstres sacrés du lyrique qui se retrouvent pour un dîner auquel ils feront savamment honneur après plusieurs années sans se voir.

Bacquier avec toute sa saveur méridionale et son oeil pétillant propose à la dame de se joindre à leur table et ainsi débute une soirée de rêve à écouter trois des plus grandes voix du monde partager les moments de leurs carrières, leurs façons d'appréhender des rôles cultissimes (Don Giovanni, Falstaff, Scarpia, etc...) voire des anecdotes savoureuses comme les mets qui chatouillent leurs palais.

Ce dîner a-t-il vraiment eu lieu, Sylvie Milhaud a-t-elle vraiment embrassé Van Dam confus et détestant être mis en vedette, ya-t-il eu vraiment un grincheux dans la salle que Bacquier interpellera du sobriquet de "Maquette de pitbull"? Nous ne le saurons jamais et qu'importe!

Une chose en tous cas est certaine, Elle nous fait passer en plus de 300 pages un moment de rêve!

Ce livre paru chez Canaïma éditions dans la collection Témoignage (2010), est un bijou de drôlerie mais aussi riches de culture musicale. Un must que tout mélomane se doit d'avoir dans sa bibliothèque.

Merci à Sylvie Milhaud pour nous avoir invité à ce superbe dîner et surtout courez à la boutique de l'Opéra ou commandez le par internet, vous ne le regretterez pas!

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L'enquête Russe  (Livres)posté le mardi 14 février 2012 12:54

Jean-François Parot vient de signer le 10e épisode des aventures  du commissaire Nicolas Le Floch, avec "L'enquête Russe".

Une fois de plus l'auteur nous conduit dans le Paris de Louis XVI en compagnie du fidèle Bourdeau, de Monsieur de Noblecourt et face à Monsieur Le Noir et un Sartine plus odieux que jamais.

Meurtres macabres à souhaits, affaire d'espionnage avec la cour de Russie présente à Paris en la personne du Prince Paul futur héritier de la couronne de Catherine II qui après en avoir fait son amant l'a exilé et envoyer faire un tour d'Europe, tous les ingrédients sont là pour tenir le lecteur en haleine dans un français d'un style parfait et à 7 ans de la Révolution dont on sent déjà les grondements lointains.

Excellent livre qui sera adapté bien sûr pour la série télévisée qui hélas ne rend pas justice au travail en profondeur de son auteur.

Le Déchronologue  (Livres)posté le jeudi 09 février 2012 06:05

Que diriez-vous de vous retrouver au XVIIe siècle en compagnie des flibustiers au milieu des Caraïbes, lancé dans une guerre sans merci contre la main mise impitoyable des Espagnols sur cette région ainsi que le Yucatan?

Nos flibustiers sous la direction du Capitaine Villon ont ceci de particulier qu'ils attaquent leurs proies à coups de canons à temps!Ils mitraillent avec des heures, des minutess et des secondes. Je n'en dirai pas plus.

Stéphane Beauverger a signé en 2009 un étrange roman sous le titre "Le Dechronologue", mis roman plus ou moins historique et de science fiction. Il fait preuve ici d'une imagination fascinante enrobée d'un style et d'une écriture remarquable ce qui devient rare en cette époque où les lecteurs de ce style de roman seraient plutôt enclins à ce que l'on se limite au style de la bande dessinée moyen pratique de laisser l'écrit à sa portion congrue et minimaliste.

Le plan du livre est aussi surprenant que le contenu et demande au départ une concentration pour ne se perdre au fil du temps, c'est le cas de le dire. La langue peut être crue mais traduit bien la rudesse des personnages du temps de la flibuste et ne manque pas aussi à de nombreux endroits de poésie.

Ce livre disponible dans la collection Flio SF été récompensé à juste titre de 4 prix dont celui du Grand Prix de l'Imaginaire.

Un superbe travail d'un des plus jeunes auteurs de science fiction actuels dont c'est le 4e ouvrage.

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Une soirée au Caire  (Livres)posté le lundi 03 octobre 2011 07:42

Je suis tombé par hasard dans la seule librairie sérieuse de Honfleur  sur le livre de Robert Solé , "Une soirée au Caire".

Je le dévore comme j'avais dévoré il y a de nombreuses années "Le Tarbouche" qui en est en quelque sorte le premier épisode. J'ai quitté l'Egypte mon pays natal en Juillet 1951, il y a 60 ans et ces deux livres font ressurgir tout un passé de mon enfance, tous les sons, les accents des Français ayant longtemps vécu là-bas, les odeurs et les lumières de la ville. Et je verse de temps à autre ma petite larme en y repensant comme en ce matin de Juillet où sur le balcon de l'immeuble Immobilia je contemplais au loin une dernière fois les Pyramides de Giseh et de Sakkarah émergeant dans les premières lueurs du jour. Je me souviens d'avoir eu la permission de retarder mon dîner avec les enfants à bord du paquebot Providence, pour voir s'estomper dans la brume du soir la côte d'Alexandrie que je n'ai plus revu depuis et que je crois il vaut que je ne revois pas après les ravages de la politique absurde de Nasser et de ses successeurs qui ont mis en miette ce pays. Vive le socialisme!Ha!

Solé est un merveilleux conteur, d'une extraordinaire sensibilité et il faut lire ses livres si l'on veut avoir une idée de ce qu'était l'Egypte ombre d'elle-même aujourd'hui.

Mon premier retour en Egypte eut lieu en novembre 1983 peu de temps après que le rideau tombe définitivement sur mon passé familial et là encore quelle émotion le matin sur le balcon de l'hôtel devant les couleurs du Nil et les odeurs de la ville. Le second passage eut lieu en février 1995. Je commis l'erreur de vouloir revoir Immobilia notre résidence cairote; dans quel état! façade noircie, on ne pouvait croire que le rez de chaussée était recouvert de marbre vert, des fils électriques sortant des fenêtres des appartements! L'horreur absolue!

Les européens croient que la démocratie s'instaurera en Egypte mais ils se trompent totalement. Ce pays est pourri par les pots de vin jusqu'à la moelle et ne peut se redresser. Son économie traditionnelle a été détruite à tout jamais par la catastrophe du barrage d'Assouan qui a mis au chômage toute la population vivant de l'agriculture et qui a cru qu'en émigrant au Caire elle y trouverait du travail!

Je ne retournerai pas en Egypte une troisième fois , j'aime mieux garder mes précieux souvenirs du temps de sa gloire passée...Merci à Robert Solé de m'aider à les perpétuer par son talent de conteur.

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Memoires du Comte de Viel Castel sur le règne de Napoléon III  (Livres)posté le jeudi 25 août 2011 10:45

La collection Bouquins regorge de livres intéressants faisant revivre des ouvrages longtemps depuis épuisés et en particulier outre les intégrales de grands romanciers, des mémoires  d'hommes plus ou moins célèbres témoignant des faits et évènements de leur époque. Ces ouvrages servent souvent aux historiens pour cerner telle ou telle période mais sont aussi pour le lecteur lambda un moyen de revivre ces époques longtemps disparues.

Les mémoires du Comte Horace de Viel Castel sont de ceux là avec en plus la vision intime du personnage des personnalités plus ou moins célèbres de son époque. Ce sont ses héritiers qui décidèrent de la publication de ces souvenirs alors que leur auteur n'avait nullement prévu cette publication. Non seulement ils donnent un éclairage sur le vif du régime de Napoléon III dont l'auteur fut un des fervents admirateurs et proche du régime au travers en particulier de la fréquentation du salon  de la princesse Mathilde, mais il va jusqu'à dépeindre la vie quasi intime des grands et petits de l'époque ainsi de celle de son ami d'enfance Alfred de Musset.

Inutile de dire que la publication de ces souvenirs fit scandale à l'époque tant du coté de ceux dont les frasques furent ainsi mises au grand jour alors qu'ils n'avaient pas rejoint dans l'au delà leur auteur, mais aussi de ceux qui se trouvaient en quelque sorte humiliés de ne pas être mis sur la sellette!

Le Comte y va de son franc parlé, on le sent un peu voire beaucoup aigri par son époque et sa verve et son humour caustique voire sa méchanceté à l'égard de nombre de ses concitoyens lui valurent de son vivant et encore plus après sa disparition le sobriquet de Comte de "Fiel" Castel! C'est tout dire!

Pour nous outre une franchise débridée et un véritable almanach de cette période qui connu les plus grands génies littéraires, artistiques, chercheurs et créateurs de la technologie du grand essor industriel de la France et du monde occidental, c'est aussi un divertissement appréciable dans la période de crise où nous vivons.

Pour mettre l'eau à la bouche de mes lecteurs voici quelques extraits de ce livre:

"...[Le comte de Flamarens]..a été pendant plus de 15 ans l'amant déclaré de Mme de la Chataigneraie (celle dont le mari se fait actuellement nommer le prince de Pons). Cette marquise était sotte comme une grenouille mais ces caillettes-là gardent longtemps leurs amants..."

Plus tôt:

"....Mme la marquise de Caraman (Cesarine de Béarn) a eu l'honneur de passer devant notre aréopage [nous sommes chez la princesse Mathilde]. C'est encore un bas-bleu de première qualité, qui étudie les langues modernes et les guitares: jadis coquette très maniérée; je l'ai connue fumant la cigarette chez la princesse Metschersky. Le pauvre Elim Metschersky en était très épris, il eut d'elle un rendez-vous qui n'eut aucun résultat, parce qu'elle portait pour la circonstance des pantalons sans coutures que mon timide ami n'osa pas déchirer, ce qu'elle ne lui a point pardonné..."!

Tout est de la même vaine et on s'amuse follement à la lecture de ce tableau quasi quotidien du second empire.

Cette lecture vous fera avaler plus facilement une rentrée difficile et morose.

 

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Flagants délits sur les Champs Elysées (Nouvelle mouture)  (Livres)posté le lundi 25 avril 2011 09:59

J'ai parlé il y a quelque temps de ce livre qui est un recueil des rapports du garde Ferdinand Federici, chargé par le Comte de d'Angivillier de la surveillance de la promenade des Champs Elysées entre 1777 et 1791.

Ce livre est intéressant à plus d'un titre. Nous y découvrons la plus célèbre avenue du monde au temps où elle se situait hors les murs, était à la campagne. On y voyait paître des troupeaux de vaches et progressivement elle devint un lieu de promenade particulièrement recherché des parisiens.

Il est curieux de constater qu'en plus de deux siècles rien  n'a changé. En partant des Tuileries dont elle est en quelque sorte le prolongement, son coté droit en montant vers l'Etoile a toujours été le lieu où ce sont établis les commerces mais aussi les individus peu recommandables. Le coté gauche , coté rivière , est le quartier chic. Du rond point part une allée vers la rivière dénommé l'Allée des Veuves car c'est là qu'effectivement les veuves viennent le soir se promener pendant leur deuil. Cette allée c'est aujourd'hui l'avenue Montaigne!

Qui est d'Angivillier?

Blog de claude101141 : Memories are made of this...., Flagants délits sur les Champs Elysées (Nouvelle mouture)

Un ami personnel de Louis XVI qui est nommé à son avènement Directeur général des Bâtiments du roi. Nous lui devons les principes d'alignement des villes antiques à Versailles avec le quartier de Clagny, constitué d'îlots très réguliers autour des boulevards du Roi et de la Reine. Pour le nouveau Théâtre-Français (actuel Théâtre de l'Odéon), il soutint le projet de théâtre en forme de temple grec des architectes Marie-Joseph Peyre et Charles De Wailly.Il aida Mme Necker à constituer son salon.Après la fermeture de la galerie du Luxembourg en 1779, le comte d'Angiviller décida d'utiliser la Grande galerie du Louvre pour exposer les tableaux de la collection royale ainsi que les œuvres qui seraient acquises spécialement. Il commanda un rapport sur ce sujet à l'architecte Jacques-Germain Soufflot, mais ce projet, qui préfigurait le musée du Louvre, ne put être réalisé avant la Révolution française.

En 1777 il fut préoccupé par l'affluence croissante aux Champs Elysées et proposa au comte d'Affry de la faire garder par des membres des gardes Suisse que dirigeait le comte.

Qui est d'Affry?

Blog de claude101141 : Memories are made of this...., Flagants délits sur les Champs Elysées (Nouvelle mouture)

Louis Augustin comte d'Affry, seigneur de Saint-Barthélémy et de Brétigny, est né en 1713, au château de Versailles. Fils du lieutenant général François d'Affry, colonel des gardes suisses des rois Louis XIV et Louis XV, et de Marie de Diesbach Steinbruck, fille du comte de Diesbach Steinbruck, colonel d'un régiment suisse au service de la France. Il épouse Marie Élisabeth Françoise, baronne d'Alt de Prévondavaux. Il se couvre de gloire sur les champs de batailles, notamment à la bataille de Fontenoy (11 mai 1745).

Proche des idées nouvelles, franc-maçon, il est ami de Voltaire, de Madame de Pompadour, de Madame Adélaïde, de l'Américain Morris. Amoureux des arts, il se fait mécène de Houdon, Vernet et Fragonard. Il donne des fêtes dans ses hôtels particuliers parisiens, rue des Saints-Pères et place Louis le Grand (actuelle place Vendôme), réunissant le Paris des arts, de la pensée et de la politique.

Il est gouverneur militaire de Paris et de la région parisienne en 1791 jusqu'à ce que l'assemblée nationale lui demande de choisir entre cette fonction et celle de colonel de la garde suisse du roi Louis XVI.

Il choisit la garde suisse et de protéger physiquement la famille royale. Il refuse d'abandonner le Roi tout comme il refuse de participer à un coup d'État fomenté par les armées royalistes.

Après avoir été sauvé de justesse des débordements meurtriers à la Conciergerie par le comité exécutif, le comte d'Affry est acquitté par les tribunaux révolutionnaires. Il se retira en Suisse, dans son château de Saint Barthélemy, jusqu'à sa mort en 1793.

D'Affry propose à d'Angivillier, le garde suisse Ferdinand Federici comme gardien de la promenade aidé par trois autres militaires.

Federici doit chaque semaine faire un rapport à d'Angivillier sur les événements de la semaine écoulée. On a retrouvé les quelques près de 500 rapports et plus de 1000 interventions, étalées sur la période 1777-1791, de ce brave homme soucieux de préserver à la promenade à la fois sa sécurité et la tranquillité des promeneurs, mais aussi de préserver l'environnement.

On découvre chez cet homme ce qu'aujourd'hui on appellerait un souci d'écologie.

Il prend à coeur comme une véritable atteinte personnelle les dégâts causés aux arbres de l'avenue par des vandales, ou contrevenants aux édits limitant le passage des carrosses ou le parcours à cheval des contre allées.

Autre aspect intéressant de l'ouvrage qui ne collationne qu'une partie des documents retrouvés aux archives nationales, l'évolution du climat de Paris juste avant la révolution et pendant les deux premières années de celle ci.

Federici, pour préserver son emploi qu'il sent menacé par la montée des pouvoirs de la Garde Nationale, se fait élire dans des commissions de district et intervient même à l'Assemblée pour préserver son rôle.

Hélas en pure perte car en décembre 1791, la réduction du domaine réservé de Louis XVI conduit ce dernier à renoncer à cette partie du domaine royal. La garde nationale de son coté à menacé de mettre manu militari Federici et son épouse hors de leur logement près de la promenade.

Federici perd alors ses émoluments et demande à d'Angivillier d'intervenir auprès du souverain pour obtenir une pension qui lui permette de faire vivre sa famille. Pendant toute sa période au service du comte il n'a eu de cesse d'obtenir la croix de Saint Louis pour ses bons et loyaux services, gage selon lui d'une plus grande autorité et respect du public dans ses fonctions.

Le rapport de décembre 1791 envoyé à Louis XVI lui donne cette qualité mais aucun document n'a été retrouvé permettant d'attester qu'il fut décoré.

C'est le dernier document tentant de faire pression sur le souverain en sa faveur et auquel répond l'intendant de la liste civile , de La Porte, promettant de voir ce qu'il pourrait faire pour obtenir la dite pension.

Federici disparaît alors du cours de l'histoire et s'évanouit dans la tourmente révolutionnaire.

Véritable journal quotidien, on pourrait aujourd'hui parler de blog, son contenu est à la fois drôle, émouvant, instructif sur l'humanité du personnage pour qui punir dans la limite de ses fonctions n'est pas un but, il veut former les visiteurs et les contrevenants.

Le livre a été transcrit dans un français moderne pour le rendre plus intelligible au lecteur bien évidemment.

Il mérite d'être découvert et montre bien comment vivaient nos concitoyens il n'y a pas si longtemps en fin de compte.

 

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Lancaster and York d'Alison Weir  (Livres)posté le mercredi 06 avril 2011 09:23

Ce livre publié en 1995 est encore un de ces ouvrages de haute qualité signée par la biographe et historienne britannique et qui semble-t-il, hélas n'a pas été traduit en français. On préfère visiblement dans notre pays s'attarder sur les biographies de people sans intérêt plutôt que d'apprendre l'histoire d'un pays qui fut pendant un certain nombre de décennies un des occupants de notre pays et à l'origine d'une guerre meurtrière où Jeanne d'Arc se distingua.

Alison Weir nous emmène ici au XVème dans la période sanglante de la fameuse guerre des deux roses opposant le parti de Lancaster à celui de York.

Ce n'est sans doute pas le meilleur des ouvrages de Weir car il pêche un peu par la multitude des descriptions de batailles qui s'échelonnèrent sur plus de trente ans.

Il met toutefois en relief les origines des conflits (la conquête ou non de la France) , le comportement de l'Angleterre médiévale finissante avec les clans des barons prêts selon leurs intérêts à se ranger d'un coté ou de l'autre des deux partis. L'attitude du Comte de Warwick une des figures emblématiques de la période tantôt du coté d'Henry VI et de Marguerite d'Anjou et du parti Lancaster, tantôt se ralliant à Edouard IV et du parti de York.

Ce n'est pas moins de 8 clans familiaux qui vont s'affronter. Nous verrons entre autres apparaître sur la scène le premier Tudor, futur Henry VII et père d'Henry VIII le barbe bleue du siècle suivant.

Une autre figure emblématique apparaît également à la fin du règne d'Edouard IV,  celui de Richard III, un des fils du duc d'York qui mettra de façon sordide un terme aux enfants d'Edouard, assassinés à la tour de Londres et dont Weir a dépeint également le destin tragique dans son autre ouvrage remarquable "The princes in the tower".

Cette horrible guerre civile coûta la vie sans doute à près de 2% de la population civile et militaire de la période.

Une des autres figures sinistres est celle du sadique Comte Tiptoft qui n'hésitait pas à faire exécuter ses victimes dans d'horribles supplices dignes des plus effroyables films d'horreur mais qui a son tour périra de mort violente.

On y voit également le rôle que joua vers la fin Louis XI en tentant une dernière fois de remettre sur le trône Henry VI, mais c'était sans compter sur les talents de général et de stratège d'Edouard IV. Un livre à recommander à tous les anglicistes férus d'histoire.

Flagants délits sur les Champs Elysées  (Livres)posté le samedi 26 février 2011 15:57

La collection de livres de poche du Mercure de France, "le temps retrouvé" fourmille d'ouvrages disparus depuis longtemps des catalogues et surtout de mémoires des sicles passés souvent injustement oubliés.

Fouinant comme je ne devrai pas le faire chez mon libraire, vue les conséquences catastrophiques que cette manie a sur mes finances, je suis tombé sur le titre de cet article.

Il s'agit des mémoires du gardien Federici chargé en 1777 de maintenir l'ordre sur la promenade des champs elysées alors hors les murs et devenus un des lieux de promenade à la mode à cette époque. Il fut nommé à ce poste par le comte d'Angivillier directeur des bâtiments du Roi.

Je n'ai pas encore commencé le livre mais je gage que ce doit être amusant et riche de personnages de toutes sortes, des princes et princesses de la cour au princes et princesses de mauvaises vies!

 

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Memoires de la Comtesse Marie d'Agoult  (Livres)posté le mercredi 03 novembre 2010 13:58

La comtesse Marie d'Agoult fait partie de ces femmes exceptionnelles qui à l'instar de George Sand ont marqué la vie artistique, philosophique et sociale de leur siècle.

Les mémoires écrites par la comtesse à partir de 1866 retracent les épisodes de sa vie , sont le témoignage surprenant et étonnamment moderne d'une femme ayant vécu dans un monde où comme elle le dit elle-même, "il fallait se comporter comme tout le monde".Et dieu sait qu'elle  ne suivit pas cette voie.et heureusement pour le plus grand plaisir du lecteur.

Le jugement qu'elle porte sur l'éducation étriquée des jésuites réduisant le rôle de la femme à une procréatrice totalement inculte,allant jusqu'à pousser leurs pensionnaires vers des actes de délation du comportement de leurs camarades avec en rétribution d'une attitude aussi ignoble, la soit disant sauvegarde de leur âme,l'état de crasse (elle emploie le mot elle-même) dans lequel est laissé pour cause de pudeur ("le corps cette gueuille"....), est remis en cause avec la plus forte révolte par la comtesse.

La comtesse est bien entendue célèbre pour sa liaison avec le compositeur Franz Liszt son cadet de 7 ans, entre 1832 et 1846.Il naîtra de cette relation non maritale (un scandale pour l'époque) trois enfants dont la future Mme Cosima Wagner ex Mme Hans Von Bulow.

Marie d'Agoult sera de la côterie de Geaorge Sand. Elle écrira un roman sous le pseudonyme de Daniel Stern.

Ses mémoires ont fait l'objet d'une réedition dans l'excellente collection de poche "le temps retrouvé" et méritent une lecture attentive que l'on soit mélomane ou pas.

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Le bout du tunnel!  (Livres)posté le lundi 04 octobre 2010 21:10

Le 5 Juin dernier, je commençais l'écriture de mon bouquin sur le Grand Canyon et les randonnées que j'y ai fait. 4 mois plus tard je m'apprête à clore cette entreprise de dingue en achevant l'impression des photos qui en feront partie, ou du moins que j'ai séléctionnées au total près de 200! Impression sur papier photo glacé.Relecture du texte pour la nième fois et à chaque fois de nouvelles fautes ou ommission de mots découvertes.

C'est épuisant! Que diable suis-je allé faire dans cette galère?

Reste à savoir si l'éditeur auquel je suis recommandé trouvera un intérèt quelconque  à ma prose et mes états d'âmes canyonesques!

De toutes façons soit il le prend avec un minimum de modifications sur le texte ou rien du tout.

Je n'ai pas l'intention de faire plaisir histoire de faire dans le style politiquement correcte de nos chers compatriotes indiiciplinés à tout va et totalement irresponsables.

Je me disais en regardant certains de mes clichés que mon dieu y en avait quelques unes qui n'étaient pas trop moches même avec mon matériel loin d'être professionnel.

Reste le dernier pensum, celui de la création de la table des matières et de l'index des mots clès, ainsi que la bibliographie et des sources photographiques.

Je laisserai le soins à l'éditeur s'il accepte mon boulot, de contacter les sources aux fins d'obtenir et de négocier les droits de reproductions.

Une connaissance a écrit un roman et l'éditeur contacté a eu le toupet de lui demander un texte manuscrit! On croit réver , ce monsieur ne doit pas savoir qu'il existe des ordinateurs et des progiciels de traitement de texte.

Sans doute veut-il faire une analyse graphologique aux fins de savoir si le roman vaut quelque chose!!!!!!!!!!!AU FOU!

Aller, je retourne à mon imprimante. Ce matin histoire de m'avancer, plus d'encre noire, plus de papier glacé et le clavier du micro qui rend l'âme! LA TOTALE! Heureusement que la FNAC n'est pas loin!

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Notes de lectires  (Livres)posté le vendredi 10 septembre 2010 08:15

Marcus Tullius Tiro (103 av. J.-C., Arpinum – 4 av. J.-C., Puteoli), plus connu sous le nom de Tiron, fut le secrétaire de Cicéron l'homme d'État romain. Il a inventé un système de 1100 signes — dont l'esperluette (&) — pour transcrire les discours de Cicéron. L'ensemble des textes transcrits prend le titre de "Notes tironiennes".

De nombreux discours de Cicéron ont été conservés, ce qui a permis de comprendre les « notes tironiennes », qui sont l'origine des systèmes de sténographie modernes. Tiron serait aussi l'inventeur de l'esperluète, toujours utilisée de nos jours.


En 2003, 2006 puis en 2009 l'écrivain et journaliste Britannique Robert Harris s'est attelé à trois romans plus ou moins policiers Pompeï, Impérium et Lustrum en s'appuyant sur des sources historiques.
 

Ce sont trois romans remarquablement écrits et qui nous plongent dans l'univers de la fin de la République Romaine et de l'avènement prochain de l'Empire. Lustrum en particulier s'appuie sur les souvenirs de Tiron le secrétaire de Cicéron et nous fait revivre de façon vivante les évenements qui ont marqué la conspiration de Catalina et la montée en puissance de César.


Impérium a fait l'objet d'une traduction chez Plon.


Harris est aussi l'auteur de The Ghost writer et a été le co-scénariste du film du même nom de Roman Polanski sorti cette année sur les écrans avec Ewan McGregor et Pierce Brosnan dans les rôles principaux.


Son livre Pompeï qui retrace une intrigue policière dans la célèbre ville de campanie au moment de l'éruption du Vésuve, est en cours d'adaptiation à l'écran.

De très beaux romans à lire en français ou anglais selon les capacités de chacun et la disponibilié en langue française.

 

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L'affaire des poisons par Jean Christian Petitfils (Livres)posté le lundi 09 août 2010 09:21

Le talent de Jean-Christian Petitfils comme biographe et chercheur  n'est plus à démontrer. Il suffit de consulter sa bibliographie et d'avoir lu les remarquables ouvrages dont j'ai parlé ici même.

Il vient de publier il y quelques semaines un nouvel ouvrage consacré à l'une des affaires criminelles les plus retentissantes de l'histoire de France du XVIIième siècle, la fameuse affaire des poisons.

Pas loin de deux cents personnes furent impliquées plus ou moins directement et/ou arrétèes par le célèbre lieutenant général de la police de Louis XIV, Gabriel Nicolas de la Reynie.

La figure  emblématique de Mme de Montespan, maîtresse du roi et sa suivante Mlle des Oeillets furent impliquées sinon traduits devant la justice de la Chambre ardente, sinistre tribunal d'exception, ainsi que d'autres personnages importants de la cour dont le Maréchal de Luxembourg, l'un des vainqueurs de la guerre contre la Hollande; le fut également Olympe Mancini, nièce de Mazarin que le roi laissa s'enfuir de France plutôt que de la trainer devant les tribunaux et faire éclater un scandale sans précédent touchant directement la personne du roi et de l'état.

Petitfils met en scène cette sombre affaire qui émergea progressivement à la suite de condamnation de la marquise de Brinvilliers qui n'héstita pas de sang froid à assassiner son père et ses deux frères :et d'avoir attenté aux jours de sa propre soeur.

Les deux autres inculpés et condamnés de cette sinistre histoire furent la Dame Monvoisin dite La Voisin et le monstrueux abbé Guibourg qui n'hésitait pas à tuer froidement des enfants nés avant terme pour célèbrer ces odieuses messes noires.

Guibourd termina sa carrière en prison, épargné de l'échafaud quand Louis XIV mit un terme aux travaux de la chambre ardente plutôt que de voir le pouvoir royal à tout jamais marqué du sceau de cette horreur.

Dans une étude critique remarquable Peitifils montre la fragilité de certaines accusations et les lacunes de l'enquête en particulier dûes à l'acharnement de Louvois contre certains de ses ennemis mais aussi du fait de l'éxécution précipitées de certains des accusés qui auraient sans doute eu beaucoup à dire..

Il fait un travail colossal de recherche rendue difficile du fait de la disparition de la majorité des documents d'enquêtes originaux brulés à la demande du Roi et ce n'est que la découverte des journaux de La Reynie qui permit, bien plus tard, de mettre au jour tout ce scandale.

Si vous êtes interessé par l'histoire du grand règne au delà du simple et sordide fait divers, ne manquez surtout pas de lire ce remarquable ouvrage vivant et passionnant

Alexandre Dumas père ou le savoir écrire!  (Livres)posté le mardi 15 décembre 2009 19:37

J'ai toujours eu pour Alexandre Dumas père une profonde admiration. Au point que depuis quelques années je me suis mis en tête de me constituer une collection complète de ses oeuvres de préférence en édition Calman Levy de la deuxieme moitié du XIXe.

Je suis loin d'avoir aboutit à cette tâche vue la somme de romans, d'essais, de souvenirs de voyages et autres que le célèbre auteur des trois mousquetaires a écrit avec ou sans collaborateur.

Il est d'ailleurs de mode de dénigrer Dumas parce qu'il s'est fait aidé dans la composition de plusieurs de ses ouvrages. Ce qu'on semble oublier tout de même c'est que le style de Dumas est inimitable et se reconnait des les premières lignes. Par conséquent in fine c'est bien lui qui a écrit le texte final même si pour des recherches il a eu certainement des aides tels aujourd'hui ces écrivains qui vous balancent eux aussi des 4 et 5 volumes par an de plus de 300 pages sur des romans historique.

On reproche aussi les libertés qu'il prend avec l'histoire, mais dans le fonds a-t-il vraiement eu la prétention de se poser en historien de son temps ou du passé? Je pencherai plutôt pour un simple témoin de l'époque et un vulgarisateur de l'histoire quitte ensuite à aller aux sources sérieuses pour corriger les approximations ou les erreurs voulues ou non. Dans le fonds si les Trois mousquetaires ont donné envie à des enfants ou des adolescents d'aller lire des bouquins d'histoire tant mieux et qu'importe si l'affaire des Ferrets s'est déroulée ou non de la manière décrite par Dumas.

Je lis en ce moment un de ses  romans que je ne connaissais pas et qui est aussi passionnant que ses grands classiques:

Les Mohicans de Paris,suivi de Salvator qui en est le prolongement. 9 volumes prés de 3000 pages.Une petite merveille de roman à la fois "historique" mais aussi un interessant témoignage de ce qu'étaient les opinions socio-économico-politique de Dumas sur le règne de Charles X à la veille de la Révolution de Juillett. C'est aussi bien entendu un roman qui s'inscrit dans le mouvement du drame romantique du début du XIXe et dont Victor Hugo a été l'un des premiers novateurs. Quand Dumas écrit son livre un quart de siècle s'est écoulé depuis la révolution de 1830. ll nous livre un véritable scénario de cinéma tant le moindre détail est posé avec précision dans le texte. D'ailleurs les deux ouvrages ont été portés à l'écran grace à la télévision dans les années 70 avec une prestigieuse distribution. A l'époque séries ne signifiaient pas sottises comme neuf fois sur dix on l'observe aujourd'hui.

Outre le plaisir d'être tenu en haleine de chapitre en chapitre par ce génie du roman qu'est Dumas, il y a le plaisir de la langue écrite. Dumas a un vocabulaire qui ne se limite pas aux quelques 400 ou 500 mots de nos auteurs actuels qui écrivent comme ils parlent et ne parlons pas de l'étendue du vocabulaire du public qui lui se rachitise d'année en année dans la vertigineuse montée du style SMS!

Je me dis que si Dumas vivait de nos jours avec ses qualités d'il y a presque deux cents ans, il aurait pu être un Visconti, un Scorcese ou un Cecil B. de Mille au cinéma voire les trois à la fois.

Pour finir cet article je vous livre un extrait de Salvator la suite des Mohicans de Paris. Dumas nous emmêne chez Lydie de Marande épouse d'un Banquier de la rue d'Artois qui est devenue par la suite la rue Laffite où se déroule une de ces soirées réunissant le tout Paris de l'époque (1827). Sa protégée Carmélite va chanter lorsque rentre dans le salon Monseigneur Coletti; voici comment Dumas nous le présente:

"....Au moment où madame de Marande prononçait ces mots :

« Quand tu voudras, Carmélite... ». En entrant dans la chambre à coucher et en laissant retomber la portière derrière elle, on annonçait à la porte du salon :

— Monseigneur Coletti.

Profitons des quelques secondes que va mettre Carmélite à serendre à l’invitation de son amie pour jeter un coup d’œil rapide sur monseigneur Coletti, qu’on annonce et qui fait son entrée.

Nos lecteurs se rappellent peut-être avoir entendu prononcer le nom de ce saint homme par madame de la Tournelle.

En effet, monseigneur Coletti était le directeur de la marquise. Monseigneur Coletti était, en 1827, non seulement un homme enfaveur, mais encore un homme en réputation ; non seulement un homme en réputation, mais un homme à la mode. Les conférences qu’il venait de tenir pendant le carême lui avaient fait un renom de grand prédicateur que nul, si peu dévot qu’il fût, ne songeait à lui contester ; excepté peut-être Jean Robert qui, poète avant tout et voyant tout en poète, s’étonnait toujours que les prêtres, ayant un texte aussi magnifique que l’Évangile, fussent d’ordinaire si mal inspirés, si peu éloquents. Il lui semblait, à lui qui luttait, et qui luttait victorieusement, contre un auditoire cent fois plus rebelle que celui qui vient s’édifier aux conférences saintes, il lui semblait, disons-nous, qu’il eût eu, s’il fût monté en chaire, une parole bien autrement persuasive ou bien autrement tonnante que toutes les paroles musquées de ces mondains prélats dont une fois, par hasard, il allait écouter les homélies. Alors il se prenait à regretter de n’être pas prêtre, de ne pas avoir une chaire au lieu d’un théâtre, et des auditeurs chrétiens au lieu de spectateurs profanes. Bien que ses fins bas de soie et tout son costume de couleur violette révélassent un des dignitaires de l’Église, on pouvait prendre monseigneur Coletti pour un simple abbé du temps de Louis XV, tant sa figure, sa tournure, son air, sa démarche et son dandinement dénonçaient un galant coureur de ruelles, bien plus qu’un rigide prélat prêchant l’abstinence en carême ; on eût dit qu’après s’être endormi, comme Épiménide, pendant un demi-siècle, dans le boudoir de madame de Pompadour ou de madame du Barry, monseigneur Coletti s’était réveillé tout à coup et s’était mis à courir le monde sans s’informer des changements survenus dans les mœurs ou dans les coutumes, ou bien encore qu’arrivé tout frais de la cour pontificale, il s’était fourvoyé au milieu d’une réunion française avec son costume d’abbé ultramontain. Au premier aspect, c’était un joli prélat dans toute l’acceptation du mot, rose, frais, paraissant trente-six ans à peine ; mais, en yregardant de plus près, on s’apercevait bientôt que monseigneurColetti avait, pour son visage, la faiblesse qu’ont pour le leur les femmes de quarante-cinq ans qui tiennent à n’en paraître que trente:

monseigneur Coletti mettait du blanc ; monseigneur Coletti mettait du rouge. Lorsqu’on parvenait à percer cette couche de badigeon et qu’on arrivait jusqu’à la peau, on était effrayé de rencontrer, sous cette apparence animée, je ne sais quoi de morbide et d’éteint qui faisait froid. Deux choses, cependant, vivaient dans ce visage immobile comme un masque de cire : les yeux et la bouche :

Les yeux, petits, noirs et profonds, lançant des éclairs rapides, menaçants même, puis se voilant aussitôt sous une paupière doucereuse et béate ; la bouche, petite, fine, avec la lèvre inférieure moqueuse, spirituelle, méchante par moments jusqu’au venin. L’ensemble de cette physionomie pouvait parfois révéler l’esprit, l’ambition, la luxure, mais jamais la bonté. On sentait de prime abord qu’on avait tout intérêt à ne pas avoir cet homme pour ennemi ; mais nul n’eût éprouvé, au point de vue de la sympathie, le désir de s’en faire un ami.

Sans être grand, il était, comme disent les bourgeois en parlant d’un homme d’Église, d’une belle prestance. Joignez à cela quelque chose d’éminemment hautain, dédaigneux, impertinent, dans sa façon de porter la tête, de saluer les hommes, d’entrer dans un salon, d’en sortir, de s’asseoir et de se lever. En revanche, il semblait avoir réservé pour les femmes ses plus fines fleurs de courtoisie; il clignait des yeux, en les regardant, d’une façon significative, et, lorsque la femme à laquelle il adressait la parole lui plaisait, sa figure prenait une indéfinissable expression de luxurieuse douceur.

Ce fut avec ces yeux à demi fermés et clignotants qu’il entra dans ce salon qu’on pouvait appeler le salon des femmes, tandis que le général, qui connaissait monseigneur Coletti de longue main, murmurait entre les dents en l’entendant annoncer :

— Entre, monseigneur Tartuffe !......"

 

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Undaunted Courage ( Un courage inébranlable) de Stephen E.Ambrose.  (Livres)posté le dimanche 07 décembre 2008 22:31

Ce livre qui n'a pas été traduit sauf erreur en français retrace un épisode important de l'histoire des Etats Unis.

Sous l'impulsion du président Jefferson, un des signataires de la déclaration d'indépendance des Etats Unis, une expédition fut montée afin de découvrir les territoires totalement inconnus du nord ouest de l'Amérique compris grosso modo entre la ville de Saint Louis actuellement dans le Missouri mais qui à l'époque faisait partie de la Louisiane que les USA venaient de racheter en avril 1803 à Napoléon qui étaient en mal de ressources financières, le golfe du mexique; immense état comprenant les actuels Arkansas,Dakota,iowa,Kansas,Missouri,Montana, Nebraska et Oklahoma.

Le président Jefferson, homme visionnaire s'il en est révait d'une part d'élargir les Etats Unis à la totalité du continent d'Amerique du Nord et imaginait qu'il devait y avoir une voie d'eau navigable permettant de relier le Missouri à la rivière Columbia au sud de l'actuel Seattle.

Il confia cette mission d'exploration dont les seuls equivalents sont les voyages de Cook et de Laperouse, à son ami et collaborateur à la maison Blanche, Meriwether Lewis.

De 1804 à 1806 Lewis capitaine dans l'armée américaine et son ami William Clark également officier  accompagné de 31 volontaires reservistes pour la plupart, de quelques trappeurs et d'une indienne concubine d'un des trappeur français, se lancèrent dans cette formidable aventure en plein inconnu. Ils franchirent les chutes redoutables du Missouri, traversérent les Rocheuses  à la hauteur de l'actuel Glacier National Park et rejoignirent le Pacifique où ils séjournèrent pendant l'hiver 1805-1806.

Confrontés aux rencontres avec les différentes tributs indiennes dont les Sioux et les Blackfoot particulièrement agressifs et vendus aux Canadiens, ils vécurent exclusivement de la chasse et des plantes plus ou moins commestibles trouvés en route. Lewis avait surestimé ses provisions en armement défensif et par contre été optimiste coté vivres!

L'expédtion fut attaquée au retour par les Blackfoot et Lewis griévement bléssé, mais in fine seul un des membres mouru  en route sans doute victime d'une péritonite.

Lewis et Clark ramenèrent un journal de voyage d'une richesse sans pareille, augmenté de cartes, mesures geophysiques en tous genres, dessins de la flore et de la faune inconnue alors et rencontrée sur leur passage.

A son retour Jefferson nomma Lewis Gouverneur de la Louisiane et commis là une enorme erreur de jugement.

Autant ce dernier était un remarquable meneur d'hommes, autant était-il piètre politicien. De plus habitué pendant les trois années de son expédition à ne dépendre de personne pour prendre des décisions, il commit l'imprudence de continuer ainsi à agir dans son nouveau poste, engageant des dépenses sans en réferer aux lois en vigueur et en particulier aux limites qu'elles lui imposaient par rapport à l'Etat américain. Le ministre de la Guerre Dearborn finit par se rebeller et refuser de rembourser les depenses colossales engagées par Lewis sur ses propres deniers persuadé qu'il était que le gouvernement honorerait sa parole.

Il se décida a rentrer à Washington pour plaider sa cause, mais minée par la malaria, dans un état dépressif que le célibat et les luttes contre ses rivaux politiciens, conscient sans doute d'avoir failli à la promesse faite à Jefferson de publier sans tarder son journal, il mit fin à ses jours dans la maison d'une dame qui l'hebergeait pour la nuit dans un village du Tennessee non loin de Nashville le 11 octobre 1809...

Sans doute également la fatigue du voyage et la propension facheuse à boire de Meriwether Lewis ont-ils joué également un rôle dans le geste despéré de cet homme.

Ce livre est prodigieusement interessant et il est particulièrement dommage que son auteur ait un style assez peu agréable, soit particulièrement chauvin et d'un nationalisme exaspérant.

Peu aprés la mort de Lewis arrivait aux USA une toute nouvelle invention qui allait révolutionner la délais des communications  et des transports dans toute la région: le bateau à vapeur.

Le journal ne fut publié qu'en 1904 prés d'un siécle aprés son suicide et sa formidable exploration.

 

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River de Colin Fletcher  (Livres)posté le mardi 04 mars 2008 06:44

En 1998 Colin Fletcher, britannique émigré aux USA et sans doute un des pionners dans l'art de mener une randonnée en prenant le minimum de risques pour sa vie, décida à prés de 70 ans de descendre le COLORADO de sa source dans le Wyoming à son embouchure dans la baie de Californie.

Parcours de plus de 2000 kms en raft, en solitaire.

En fait c'est la Green River qui prend sa source dans l'état du nord du continent américain. Petit cours d'eau sans importance, il devient trés vite au fil des kms le majestueux et violent epieux qui façonne la terre de cinq états américains.

Dans son carnet de bord l'auteur nous fait revivre jour par jour, heure par heure son extraordinaire voyage. Mais ce livre n'est pas seulement un comte rendu de parcours, c'est aussi une profonde reflexion sur le sens de la vie, sur le bilan que tout homme ou femme fait sur ses vieux jours, se rememorant au fil des heures qui passent des évenements majeurs de son existence.

Ce sont nos réactions devant la folie destructrice des hommes fasse à une nature que nous croyons pouvoir dompter et qui en fin de compte aura toujours le dernier mot car elle nous a précédé depuis des millions d'années et nous survivra d'autant.

Pour ma part , qui ait eu la chance de parcourir soit à pied soi hélas en voiture nombre des endroits qui sont décrits dans ce livre, c'est un formidable partage, une vraie communion avec le conteur.

Fletcher n'a pas voulu faire de ce livre un album photo, ce qui explique l'absence de prises de vue en couleur. Il a eu raison. Il a même été jusqu'à sciemment ne pas décrire certains parcours vers des sites archéologiques visités sur son parcours pour en préserver la solitude et les structures.

On reste confondu lorsqu'il cite la déclaration d'un acharné destructeur de notre environnement président d'une association américaine qui déclare que son but est de détruire tous les mouvements écologiques pour préserver le droit intangible de l'humanité à pouvoir exploiter à des fins financières toute partie du sol américain!

On tremble à l'idée qu'un président du style de l'irresponsable de la Maison Blanche actuel ou l'un de ses successeurs puisse en arriver à cautionner pareil comportement!

 

Colin Fletcher est décédé en Juillet 2007, des suites d'un accident de circulation en 20002, où il fut heurté par un automobiliste pendant qu'il allait faire ses courses.

Curieux destin pour un homme qui affronta la violence climatique et géologique bien autrement plus dangereuse à priori que celle de notre vie quotidienne....

Je ne sais si ce livre a été traduit en français mais il le mériterait largement.

 

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L'homme de glace de Brenda Fowler (2000 edition University of Chocago press)  (Livres)posté le jeudi 07 février 2008 14:11

Au cours d'une de mes randonnées dans le grand Canyon en 2003, je fis la connaissance de deux américains de Chicago, pére et fils. Ce dernier souffrait de nombreuses ampoules aux deux pieds et grâce à mon aide, et à ma pharmacie, je lui permis de pouvoir remonter sans trop de difficultés.

Au cours des quelques 48h que nous passâmes ensemble bien des sujets furent abordés et entre mes coéquipiers me firent rapppeler l'histoire extraordinaire de la découverte par deux randonneurs en 1991 du corps émergent de la glace d'un homme qui s'avéra aprés autopsie et études archéologiques un de nos ancêtres de l'age de bronze. Pour me remercier de mon aide mes deux compagnons m'envoyerent en rentrant à Chicago, un ouvrage sur cette découverte écrit par Brenda Fowler et que je viens de commencer à lire. (Eh oui entre tous les ouvrages que je lis la pile est telle que le temps passe et j'ai encore une reserve en chantier!)

Ce livre est absolument fascinant et nous mets au coeur des évenemets comme si nous en faisions partie.

Voici l'article que consacre à cette découverte l'encyclopedie online Wikipedia.

Ötzi
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Le mémorial Ötzi

Ötzi [Eutsi] est le nom donné à un corps congelé et déshydraté découvert fortuitement le 19 septembre1991à 3200 mètres d'altitude, à la frontière entre l'Italieet l'Autrichedans le massif alpin des Dolomitesitaliennes (Alpes de l'Ötztal, d'où son nom), par des randonneurs, Helmut et Erika Simon. Enseveli pendant des millénaires sous une couche de glace, la fonte importante du glacier, cet été là, a révélé son existence.

Sommaire

 

Cette momiecongelée est celle d'un homme d'environ 45 ans, de 1,59 mètre et de 40 kilogrammes. Après datation au carbone 14, il résulte que le chasseura vécu à une période comprise entre 3350 et 3100 av. J.-C.

 

Équipement et habillement 

On a retrouvé, dans la poche de sa ceinture et à ses côtés, un arc en if, inachevé, 14 flèches dans leur carquois (la plupart en cours de fabrication ou à réparer), une hache de cuivre, un couteau à lame de silex emmanchée, dans un fourreau en tissu d'ortieet quelques champignons enfilés sur une lanière de cuir, probablement à usagemédicinal. Le corps était encore enveloppé dans une partie de ses vêtements formant trois couches successives : un pagne, une veste en peau de cerf, une cape en fibres végétales. Il avait également une hotte munie d'une armature formée d'une longue tige de noisetier, deux récipients cylindriques en écorce de bouleau et un petit sac comprenant un nécessaire à feu (amadou, silex…) et d'un petit sac de cuir contenant de petits outils de silex (grattoir, perçoir, lame pointue).

 

Alimentation [modifier]

Le dernier repas d'Ötzi se composait de céréales, de cerfet de bouquetin ; c'est ce que révèle l'étude de l'ADNdes aliments conservés dans ses viscères.

 

Maladies d'Ötzi [ modifier]

Les tatouagesarborés par Ötzi (petits groupes de traits parallèles ou disposés en croix sur les lombaires, les genoux et des chevilles) semblent en relation avec de l'arthrosequi a été repérée à la radiographie. On connait d'autres pratiques thérapeutiques analogues, attestées par l'ethnographieet les sources anciennes (voir L. Renaut, « Les tatouages d’Ötzi et la petite chirurgie traditionnelle », L’Anthropologie 108 (2004), pp. 69–105 résumé en ligne)[1].

L'examen des cheveux au microscope électroniquea permis d'établir la présence d'une pathologie névrotique et l'examen du seul ongle récupéré révèle une anomalie de la lame unguéale caractéristique d'un stress intense 8, 12 et 16 semaines avant sa mort. Cet état général, mauvais, semble lié à la présence dans son intestin d'œufs de trichine, un parasite qui produit des crises tous les vingt jours. Le champignonPiptoporus betulinus, dont Ötzi avait emporté une réserve, est connu pour détruire ces vers et ces œufs et agir comme un puissant laxatif. Une série de fracture des côtes côté gauches, recalcifiées, semble indiquer une chute telle qu'on peut en faire en montagne. D'autres fractures non soignées, du côté droit, peuvent provenir d'un autre accident, d'une rixe ou de la simple pression de la glace[2].

 

Environnement d'Ötzi [modifier]

Les pollenstrouvés à l'intérieur du corps, prélevés par endoscopie, appartiennent à un environnement de type forestier. Ceux trouvés dans ses vêtements, ainsi que 2 grains de blé, 2 prunelles, des résidus de feuilles (érable) et de bois (if, mélèze, noisetier, tilleul, bouleau) indiquent qu'il vivait dans une zone de moyenne montagne. Les détails de la facture de ses vêtements ont fourni d'abondantes observations et correspondent à ceux d'une longue tradition alpine. Il en est de même de l'outillage très complet qu'il avait emporté avec lui[2].

 

Paléo-thanatologie [modifier]

Trois hypothèses se sont succédé pour expliquer sa mort. Il aurait été un berger qui se serait perdu dans le froid car il a été retrouvé près d'un chemin de transhumance ; cette première hypothèse est infirmée par l'absence d'excréments de troupeaux ainsi que par la possession d'une hache et de diverses possessions telles des champignons médicinaux. Il aurait été un marchand forgeron et guérisseur qui aurait dû fuir suite à un échec ; cette seconde hypothèse n'est pas conforme avec l'existence d'une blessure à la main typique des guerriers par définitions sédentaires, ainsi que par la répartition des éléments radioactifs présents dans ses dents plus en rapport avec une habitude sédentaire. L’hypothèse actuelle est que ce serait un chasseuret un membre influent de sa tribu. À l’occasion il devait également défendre son village.

L'autopsiea également montré qu’il n'était pas mort de faim (son tube digestif comportant des restes de farines et de cerf), ni d'un accident ou d'une chute. En juillet2001, des scientifiques italiens ont trouvé une blessure dans l'épaule gauche d'Ötzi, infligée par une pointe de flèche. L'étude de la blessure montre qu'elle aurait pu atteindre l'artère irriguant le bras, et que Ötzi aurait pu se vider de son sang très rapidement. L'ossification mise en évidence par la radiographie met cependant en évidence que cette blessure était ancienne. L'état de ses ongles (présence de stries témoignant d'un arrêt, puis d'une reprise de croissance) laisse également à penser qu'il a été malade quelques jours ou semaines avant de mourir.

Une récente étude (juin2007) de chercheurs suisses de l'Université de Zurich en collaboration avec des chercheurs italiens a pu lever le voile sur cette énigme vieille de 5300 ans grâce à un tomographe. Les résultats de l'étude [3] vont paraître dans le journal en ligne "Journal of Archeological Science" et seront évoqués dans l'édition de juillet 2007 du magazine "National Geographic". L'hypothèse d'une mort rapide due à une flèche semble confirmée. Le projectile aurait touché une artère proche de l'épaule.

L'homme des glaces repose dans un congélateur du musée de Bozen-Bolzano, en Italieet reste l'une des plus importantes sources de connaissance du mode de vie des hommes de cette époque de laProtohistoire.

 

La mort et le musée [ modifier]

Ôtzi est présenté au public dans une vitrine spéciale. L'état particulièrement bon de conservation du corps rend cette vision très réaliste, ce qui pose de façon assez crue un problème éthique quant à la présentation de la mort au musée. À cette occasion, il a fallu également mener une réflexion de fond sur la double nature d'Ötzi, à la fois document archéologique exceptionnel et personne, décédée certes mais personne au sens plein du terme[2].

 

La « malédiction » d'Ötzi [ modifier]

Les média ont colporté la légende d'une prétendue malédictiond'Ötzi, faisant écho à la malédiction de Toutânkhamon. Six personnes liées de près ou de très loin à la découverte d'Ötzi sont mortes depuis :

  • Le touriste allemand, Helmut Simonqui a découvert la momie, mort à 67 ans en 2004lors d'une randonnée.
  • L'archéologue Konrad Spindlerqui a été le premier à examiner la momie, mort à 55 ans d'une sclérose en plaques. Selon le quotidien britannique Guardian, Konrad Spindler avait déclaré en plaisantant : « La prochaine victime pourrait être moi. »
  • Le chef de la mission scientifique consacrée à Ötzi, Rainer Henn, mort à 64 ans dans un accident de voiture, alors qu'il allait donner une conférence sur le sujet.
  • Le guide de montagne Kurt Fritz, qui a emmené le journaliste Rainer Hoezl auprès de la momie, mort à 52 ans dans une avalanche.
  • Le journaliste Rainer Hoezl, mort à 47 ans d'une tumeur au cerveau.
  • Le spécialiste en chimie moléculaire, Tom Loy, 63 ans, découvert le21 octobre2005à son domicile de Brisbane, en Australie. L'archéologue souffrait d'une infection du sang depuis une douzaine d'années. Sa maladie avait été diagnostiquée peu après que son chemin eut croisé celui de la momiecongelée. Il terminait un livre consacré justement à Ötzi.

La malédiction est considérée par de nombreux observateurs et paléoanthropologues comme une pure construction médiatique basée sur une série de coïncidences ne devant rien aux phénomènes paranormaux.

Ce livre a peut être été traduit en français et mérite d'être lu.

Chagrin d'école de Daniel Pennac  (Livres)posté le vendredi 16 novembre 2007 05:25

Merveilleux roman ou autobiographie que ce livre qui vient de recevoir à trés juste titre le prix Renaudot.

Non seulement on rit à gorge déployée des facéties et autres aventures du petit Pennac, mais on découvre enfin un professeur qui au lieu de se préoccuper du nombre de jours de ses vacances, de ne s'interesser qu'aux premiers de ses classes, essaie de comprendre le pourquoi des difficultés des derniers de ses classes et travaille d'arrache pied à tenter de les sortir de l'enfer dans lequel les circonstances de toutes natures les ont mis.

L'analyse est pertinente, la sensibilité exarcerbée et l'on se prend à rêver d'avoir eu dans sa scolarité un tel professeur.

Pour ma part j'ai eu la chance de rencontrer dans ma scolarité 3 ou quatre d'entre eux qui ont réussi à me faire des matières qui au départ me décourageaient.

Leurs noms sont gravés dans ma mémoire à tout jamais.

Ce livre devrait être obligatoirement lu par les parents, les professeurs et les mauvais élèves.

Les premiers prendraient peut-être enfin conscience des responsabilités qui leur incombent au lieu d'imaginer que le prof est là pour les supléer.

Les seconds prendraient conscience peut-être que leur métier n'est pas de s'attacher aux seuls bons élèves, doués ou travailleur, mais de susciter la curiosité et le désir de SAVOIR, de DECOUVRIR, D'APPRENDRE que l'on soit doué ou cancre au départ.

Enfin les cancres comprendraient enfin que leur situation n'est pas irrémédiable et peut s'inverser moyennant un dialogue et un petit effort sans que cela nuise à leur liberté; ils apprendraient enfin que le défaitisme et la fatalité ne sont pas des modes de vie.

 

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Samantha bonne à rien faire  (Livres)posté le vendredi 12 octobre 2007 09:31

Sous ce titre voici un petit livre qui s'il nous fait rire , plonge le lecteur qui veut s'en donner la peine, dans une réflexion sur le sens de son existence. C'est peut-être uen façon un peu ronflante de poser le problème, mais telle est la question posée par son auteur talentueuse : Sophie Kinsella.

Aprés avoir signé l'excellent tetralogie des aventures de Becky accroc du shopping, son nouveau personnage nous entraine dans le monde intraitable des avocats d'affaires londoniens et de leur esclavage au travail.

On rit beaucoup des aventures de Samantha mais quand on y réflechit bien combien d'entre nous ne se reconnaitrait-il pas dans cette vie stressée, où l'ambition et l'ego démesuré nous font croire que nous sommes indispensables, que notre entreprise est indispensable au bonheur du MONDE et de l'HUMANITE!

Que ce soit l'homme ou la femme d'affaire, le politique toujours porteur de nouvelles promesses qu'il ne tiendra pas et de l'idée que sans lui la terre s'arretera de tourner, tous sont dans le même bateau qui les méne à la catastrophe finale au soir de leur vie : la prise de conscience que pas un instant ils n'ont pris le temps de regarder autour d'eux, de se consacrer un instant avec profondeur à leur entourage, famille, epoux (se), enfants, amis.

Ce livre donne encore une fois à réflèchir et si pour certains la fin est un peu à l'eau de rose, c'est qu'ils n'auront strictement rien compris au message que fait passer son auteur......Alors tant pis pour eux!

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Maurice Lehmann  (Livres)posté le vendredi 21 septembre 2007 09:59

Connaissez vous Maurice Lehmann?

Sans doute pour la plupart de mes lecteurs non operaphile ou balletomannes, NON. Et puis sans doute votre jeunesse y est aussi pour beaucoup. Attention ce n'est pas une critique.

Alors essayons de vous faire partager à posteriori, l'admiration que je porte à ce génie du théâtre.

Maurice Lehmann est né le 14 mai 1895 et décédé le 17 mais 1974. Si vous cherchez une quelconque biographie sur internet vous serez surpris de ne voir de compte rendus que sur sa carrière cinématographique! Quelle réduction d'une carrière riches et qui marqua toute une époque tant sur plan théâtral, que musical.

1er prix de comédie au Conservatoire d'art dramatique (et cela signifiait quelque chose à l'époque!!!!), il fut engagé comme pensionnaire de la Comédie Française où il resta trois ans. Il reprit ensuite les baux de théatres de la Porte St Martin et de l'Ambigüe dont il dirigea les destinées avant de prendre la direction du théâtre du Chatelet. C'est sans doute là qu'il fit la preuve des ses talents d'administrateur et découvreur de talents et qu'il transforma totalement la conception des mises en scènes de comédie musicale et d'operettes. Il monta ainsi Show Boat en France, et surtout il fit découvrir un jeune ténor espagnol qui devait ensuite être une gloire nationale : LUIS MARIANO qui débuta à Paris dans le Chanteur de Mexico.

Ses succès  dans ce théâtre décidèrent le gouvernement français à faire appel à lui pour prendre la succession de Georges  Hirsh à la tête de la Réunion des Théatres Lyriques Nationaux dont faisait partie l'Opera de Paris et l'Opéra comique. Il continuera à prséider aux destinées du Chatelet en parallelle jusqu'en 1966. Valses de Vienne sera son plus grand succés dans cette salle.

Sous son régne à la RTNL de  1945 à 1946 puis de 1951 à 1956 l, Opera de Paris sort de l'ornière où les syndicats se plaisaient à enfoncer la grande boutique malgrés les talents incontestables de Georges Hirsh. On lui reprochera de "faire trop d'argent", grave faute aux yeux des socialistes de la IV république grands champions des chutes de ministères de l'époque (21 entre 1946 et 1957!!) et pour qui faire des profits est signe de corruption!Rien n'a changé d'ailleurs aujourd'hui. (bon j'arrête tel n'est pas le sujet!).

Parmis ses succés sans précédent à l'opéra il y a la fabuleuse production des INDES GALANTES de Jean-Philippe RAMEAU, l'OBERON de Carl Maria von WEBER, et sa dernière production de la FLUTE ENCHANTEE de MOZART (Je consacrerai un article aux Indes Galantes que j'eu la chance de voir en 1957 et qui est autre chose que les horreurs que la Palais Garnier à donné ces dernières années!).

Lehmann est aussi le responsable de productions cinématographiques qui sont devenues des films cultes:

Deux d'entre elles sont à citer :

L'affaire du courrier de Lyon co-réalisée avec Claude Autant-Lara et comportant au générique non moins que les noms de Pierre Blanchard, Jacques Copeaux, Charles Dullin, excusez du peu!

FRIC FRAC toujours en tandem avec Autant-Lara et comportant en tête d'affiche FERNANDEL, ARLETTY et MICHEL SIMON. Adaptation au cinéma d'une magnifique pièce d'Edouard Bourdet. Ce film est à lui seul un chef d'oeuvre incontournable du parfait cinéphile.

Il présida le Festival de Cannes en 1956 et fut membre du jury en 1957 et 1966. C'est sous sa présidence en 1956 que Le Monde du Silence du commandant Cousteau et Louis Malle obtient la Palme d'or!


L'opéra de Lyon a remonté dans les années soixante dix certaines des productions de ce génial homme de théâtre. Il fit appel aux plus grand peintres du 20e siècle pour réaliser les décors et costumes de ses plus célèbres productions: Jacques Dupont, Jean Carzou, Chapelin-Midy....

En 1968 Maurice Lehmann publia ses souvenirs dans son livre "Trompe l'oeil" publié aus Editions de a Pensée Moderne. Délicieux bouquin où le lecteur suit le parcours de cet homme de poigne dans les péripéties de sa vie et de son amour du théâtre et de la musique.

Je ne saurai trop vous conseiller de lire ce livre que l'on peut trouver sur internet et qui se lit tel un roman policier sans le lacher un seul instant.

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De Pelléas aux Indes Galantes  (Livres)posté le jeudi 20 septembre 2007 09:55

En 1955 Henri Busser publiait son autobiographie.

Henri Busser est né  à Toulouse en 1872. Il fut l'éléve de Charles Gounot ( Faust) et de César Franck (Symphonie en ré et Variations symphoniques pour piano et orchestre). A l'âge de 21 ans il obtint le premier grand prix de Rome.

Il dirigea réguliérement à l’Opéra-Comique – entre autres les représentations de « Pélléas et Mélisande » après sa création par André Messager - puis à l’Opéra National de Paris, avant de devenir Directeur de la Salle Favart. Professeur de contrepoint, puis de composition au CNSM de Paris, il était également organiste et exerça à Sainte-Marie-des-Batignolles, à Saint-Cloud, où il succéda à Gounod en 1892 et à Notre-Dame, où il suppléa Vierne pendant la Première Guerre Mondiale. Il avait épousé la célèbre cantatrice et professeur de chant au CNSM, Yvonne Gall (1885 - 1972). D’une exceptionnelle longévité - 101 ans – il eut des élèves célèbres, comme le compositeur japonais Tomojiro Ikenouchi (1906 – 1991) et Henri Dutilleux.

Egalement ami de Verdi, Delibes, Widor, d’Indy, Chabrier, Bizet et Debussy, il réalisa des orchestrations pour ces deux derniers. En digne héritier de ses maîtres, il fit preuve d’un grand talent mélodique en composant une dizaine d’œuvres lyriques et des pièces symphoniques dans un style souple et délicat, rempli de charme et d’humour, très représentatif de « l’esprit français »( bio extraite de la critique de Juliette Buch sur le site http://www.forumopera.com/concerts/busser_carosse_comique07.html)

L'intérêt de ce livre est de parcourir tout au long de la période 1873-1955 le déroulement de la vie musicale française, riche en de nombreux compositeurs soit camarades et amis d'études de Busser, soit professeurs ou collègues. De Messager qui créa Pélléas et Mélisande de Claude Debussy et céda la baguette dès les premières représentations au jeune Busser, à Pierre Petit un de ses élèves, en passant par Ravel et bien d'autres noms célèbres. Le livre fourmille d'anectodes amusantes.

J'avais déniché ce livre soit chez un bouquiniste soit sur le site www.chapitre.com .

Un livre pour ceux qui aiment la musique et veulent toujours en savoir davantage.



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Sophie Kinsella et le shopping  (Livres)posté le mardi 18 septembre 2007 08:29

Il est une maladie dont est atteints nombre de gens aussi bien hommes que femmes et qui s'appelle le SHOPPING.

Les symptômes sont trés visibles: dès qu'une vitrine de magasin se présente sous leurs yeux que ce soit nécéssaire ou pas ils ne peuvent résister à la tentation de rentrer dans le magasin et d'acheter à tour de bras. Ils se trouveront toujours une bonne raison pour céder à la tentation. Inutile de dire que les conséquences budgétaires de ce genre de comportement sont catastrophiques.

En 4 volumes fort divertissant, Sophie Kinsella nous amène dans cet univers et sous le couvert de nous faire tire en fait la sonnette d'alarme.

Son héroïne Becky nous emmêne dans sa psychose qui va de l'achat de produits griffés Prada et autres marques célèbres au stupide instrument pour fabriquer des gauffres qui restera bien entendu au fonds d'un placard.

Voici les titres des quatre volumes dans leur ordre chronolique:

CONFESSIONS D'UNE ACCRO DU SHOPPING

L'ACCRO DU SHOPPING A MANHATTAN

L'ACCRO DU SHOPPING DIT OUI

L'ACCRO DU SHOPPING A UNE SOEUR

On rit énormément, mais on réflechit aussi et on se découvre souvent quelques uns des travers de l'héroïne quand ce n'est pas la maladie elle-même.

A mettre entre TOUTES LES MAINS en vue de sauvegarder la santé financière du lecteur!

Un trés grand livre: louis XVI de Jean Christian Petitfils  (Livres)posté le mercredi 29 août 2007 20:32

Ce n'est pas être royaliste ou nostalgique de la monarchie que de lire ce livre remarquable. C'est tout simplement s'interesser à une période charnière de l'histoire de France qui a eu des conséquences en chaîne sur notre pays.

Dans un pays où l'histoire aujourd'hui est littéralement considéré dans les lycées et colleges comme la portion congrue tant par l'éducation nationale que par les élèves eux-mêmes.

Jean Christian Petitfils est un ancien banquier, qui a retrouvé sa passion première etait l'histoire. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les grandes figures en particulier du 17eme siècle dont un Louis XIV et un Fouquet tout à fait exemplaire.

C'est un conférencier hors pair et ceux que cela interessent pourront trouver sur le site de l'association CLIO, le calendrier des conférences qu'il donnera en 2007-2008 à la Maison de Mines  sur les grandes figures couvertes par ses livres. Il sait rendre vivant son sujet et former tout en introduisant des touches d'humour dans son récit.

Son Louis XVI paru chez Perrin en 2005 est un monument de prés de 1000 pages, faisant appel à une trés riche documentation, dont certaines inutilisées jusqu'ici et qui jettent un éclairage nouveau sur le personnage du roi et les évènements qui amenèrent aux deux révolutions de 1789 et 1792 et à sa fin tragique.

Bon nombre des clichés que l'enseignement secondaire continuent inlassablement à inculquer sont remis en cause.

La langue est superbe et on lit se livre comme un roman sans pouvoir le lacher.

Enfin la conclusion de l'ouvrage jette un éclairage nouveau sur les conséquences des evènements de la fin du régne perceptibles jusqu'à nos jours.

Voilà un livre passage obligatoire à qui veut comprendre le mouvement de l'histoire de France

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La Fontaine de Jean Orieux  (Livres)posté le vendredi 29 juin 2007 07:59

Rarement un livre m'aura tant ému. Orieux a ecrit cette biographie dans les années 70. En quelques 640 pages il nous fait parcourir la vie de l'un des plus grands écrivains français du 17émé siècle. Il ne se contente pas d'une description chronologique de sa vie, il analyse le personnage dans son contexte socio-econoimico-politique de son temps et l'influence que cela a eu sur son style d'écriture et les sujets qu'il a abordé.

En un mot c'est une biographie humaine, qui transpire par tous ces pores de la sensibilité de ce grand personnage. A ce titre on peut féliciter le réalisateur du film et Loran Deutsh dans le film consacré au poéte, récemment montré sur les écrans car on y retrouve ce coté enfant et naïf du personnage, coté qu'il gardera jusqu'à sa fin éminement tragique.

C'est sans ces derniers chapitres de l'ouvrage qui m'ont le plus bouleversé et qui une fois de plus ont déchainé en moi une révolte contre l'attitude éminemment sectaire, intolérante, rabaissante de la religion et de l'église catholique. Ce besoin permanent de cette caste de devoir en permanence culpabiliser l'homme et de vouloir donner des leçons que le Vatican et tous ses supporters ne sont même pas capable de suivre eux-mêmes!

Comment face à un être qui souffre horriblement dans sa chaire peut-on agir comme le fit l'abbé Pouget lors la derniere maladie de La Fontaine, dont il réchappa pour ne mourir en fait que plusieurs mois plus tard aprés un nouveau sursaut de cette énergie dont il était tout empreint. Aller jusqu'à exiger d'un homme de détruire une partie de son oeuvre ou d'en interdire la réédition!Tout cela en profitant de la faiblesse extreme de l'homme effrayé par l'idée de mourir. On est glacé par tant de cynisme, de violence morale essentiellement mue par le désir de se pavaner en disant à la ronde que l'on a ramené soit disant à l'Eglise une nouvelle âme!

Comment l'Eglise pense-t-elle pouvoir juger d'actes d'hommes et de femmes qu'elle s'interdit  de pratiquer! Qui peut bien juger des relations conjugales, des relations d'amour physique ou non entre 2 êtres sans en avoir soi même eu l'expérience? Cette fatuité du Vatican m'a toujours donné envie de vomir! Que le Vatican balaye devant sa porte avant de donner des leçons: lieu des débauches bien connues de nombre de ses affidés a commencé par différents de ses chefs, des transactions financières douteuses , des meurtres soigneusement cachés en interdisant l'accés à ses archives, de sa complicité active et passive dans l'holocauste pendant la seconde guerre mondiale!

On le comprendra  en lisant ces lignes, l'avant dernier chapitre du livre qui décrit par le menu le soit disant repentir de La Fontaine m'a bouleversé jusqu'au larmes! Encore plus boulerversantes sont les dernieres correspondance entre La Fontaine , Racine et Maucroix ses plus fidèles amis jusqu'à la tombe. De prés ou de loin ils ont tous deux soutenu le grand écrivain jusqu'à son dernier souffle. Au delà des sempiternelles invocations à Dieu, dans le style d'un temps où ne pas y croire menait au bûcher, où avoir un esprit critique concernant la religion menait aux dragonnades si chères à Mme de Maintenon et Louis XIV, les derniers échanges de correspondances entre Maucroix l'ami de 50 années et La Fontaine bouleversent, " ...Si tu n'as plus la force de m'écrire, prie M; Racine de me rendre cet office de charité, le plus grand qu'il me puisse jamais rendre....Adieu mon bon , mon ancien et mon véritable ami...".

La Fontaine  survécut deux mois à cette dernière missive. Maucroix ne pu se rendre à son chevet pour des raisons que nous ignorons, il habitait Reims bien éloigné de Paris à cette époque.

Dans sa haine féroce bien à la hauteur du parti dévôt, la Maintenon surnomée la Vieille par la Princesse Palatine, ne fit rienpour aider La Fontaine dans le plus total dénument depuis le décès de Mme de La Sablière son autre amie de toujours. Ce sont ses amis Hervart qui le recueillirent chez eux et lui accordérent un logis et tout le bien être nécessaire de ses derniers mois de vie.

On reste confondu devant l'attitude du Doyen de l'Académie Française , M. Roze. C'est tout juste s'il ne se félicite pas d'être débarassé de l'auteur des fables dont le fauteuil est donné à Clérambault!

Le dernier voeux de La Fontaine fut en sorte exaucé: "Je vous aime, aimez moi toujours", disait-il un jour à Mme de La Fayette.

Comment ne pas aimer celui qui a écrit "les deux pigeons" ou ce delicieux vers: " Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe..."

La Fontaine, c'est toute notre jeunesse. C'est le bonhomme qui tels nos parents venait nous raconter le soir au couché, une belle histoire pour nous aider à nous endormir en paix....Merci Jean!

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Capote de Gerald Clarke  (Livres)posté le vendredi 22 juin 2007 07:47

Voilà un remarquable livre paru en 1988 et qui a servi de base au scénario du film du même nom oscarisé en 2005 pour l'interprétation de Philip Seymour Hoffman dans le rôle de ce grand écrivain américain que fut Truman Capote dont les oeuvres les plus connues du grand public sont Breakfast at Tiffanys et In cold blood.

Remarquablement écrit dans un style sans fioritures , ce livre se lit d'une traite et présente toutes les facettes de ce personnage complexe que fut Capote. Auteur au succés précoce de 18 ouvrages,  il obtient son premier succés littéraire à l'age de 20 ans avec "Other voices , Other rooms". A la fois médiatique, souvent caustique et provocateur ce personnage marquera la période de fin de la guerre jusqu'à 1984. Homme excentrique, homosexuel, qui dès le départ dans une période d'intolérance notoire mondiale n'hésita pas à afficher ses préférences.

Ce livre nous fait vivre presqu'au jour le jour les tribulations de ce remarquable écrivain. Evidemment son plus grand succés de librairie "In cold Blood" qui retrace les différentes phases du procés consécutif au meurtre de toute une famille du Kansas par deux criminels Perry Smith et Richard Hickock, sans aucun motif sinon celui d'avoir cru que la famille Clutter possédait un coffre fort plein d'argent, ce qui n'était pas le cas, et ce sont débarassé de la manière la plus sauvage de ces témoins génants. En enquêtant sur ces meurtres Truman Capote à complétement renouvelé le style de l'enquête journalistique en lui appliquant le style du roman. Le livre paru en 1966 et fut d'emblée un énorme succés mondial. L'auteur  participa lui-même à l'adaptation cinématographique en 1967.

Plus récemment en 2005 et 2006 deux films ont permis de montrer différents aspects de la personnalité de Truman Capote, celui mentionné au début de cet article et également "Infamous" où l'auteur est incarné magistralement par Toby Jones entouré d'une pléïade d'acteurs de renom comme Segourney Weaver.

La réedition de cette biographie à l'occasion de la sortie de ces deux films est à ne pas manquer.

On sera surpris en lisant ce livre que Capote aurait préférè Marylin Monroe à Audrey Hepburn pour interprêter le rôle de Highly Golightly dans Breafast at Tiffanys (Diamants sur canapé).

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Paris à la fin du XIXiéme siécle...  (Livres)posté le vendredi 02 février 2007 07:07

Connaissez-vous Claude Inzer ? Aimez-vous les romans historiques et policiers de surcroit?

Si vous répondez oui à la seconde question, alors lisez les 6 tomes écrits au cours de la période 2003-2006 par cet auteur dont le nom cache en réalité celui de deux soeurs: Liliane Korb et Laurence Lefèvre. Monteuse, bouquiniste sur les quais de Seine, passionnées d'histoire, elles ont imaginé le personnage du libraire de la rue des Saint Pères, Victor Legris lui même photographe amateur et détective à ses heures.

Nous sommes entrainés au fil des six romans, dont le premier "Mystère rue des Saints Pères" a été primé en 2003, dans le Paris de la fin du XIXième siécle , cotoyant des évènements marquant de notre histoire, des peintres, écrivains célèbres, des lieux que nous avons traversés mais dont nous ne soupçonnons pas l'état dans lequel  ils pouvaient être à l'époque.

Le style de nos deux romancieres est remarquable ce qui nous change de l'appauvrissement actuel de la langue française. Des métiers dont nous ne soupçonnions pas l'existence ressurgissent au détour de tel lieu, de telle page du roman.

Chaque tome se termine par une postface resituant dans son contexte historique, l'énigme que nous venons de lire ainsi pour le dernier tome "Le talisman de la Villette" voici le contexte historique de l'année 1891:

 

«... Le tramway à vapeur Paris-Arpajon est mis en service.

Au Salon du cycle de la salle Wagram, en janvier, on s'extasie devant la prometteuse bicyclette Valère « où sont utilisés simultanément bras et jambes pour la propulsion de l'engin ». Du printemps à l'automne, les costumes cyclistes ont la cote. La jeune fille de famille porte un corsage et une culotte à mi-mollet en crépon de soie bleue, une casquette de la même étoffe, des guêtres, des gants blancs et des brodequins en cuir. La petite bourgeoise se vêt d'un complet jupe cheviotte capucin, bas noirs, gants blancs et canotier garni d'ailes de pigeon. La dame d'âge mûr opte pour un veston mastic clair, de larges pantalons de cheviotte bleu marine, des bas de soie noire, des souliers anglais vernis et un chapeau tyrolien blanc. La mondaine se pare d'un corsage, d'un fichu Marie-Antoinette, de gants blancs de suède, d'une culotte bouffante qui découvre les jambes gainées de soie mauve et de bottines lacées en cuir de Russie. Quant à la dévergondée, elle ne craint pas de montrer ses formes aux yeux indiscrets : maillot collant, boléro gris acier, manches ballon, knickerbockers de satin noir très courts, bas de soie gris perle et escarpins vernis.

Sir Edward Reed, ingénieur en chef de l'Amirauté, veut lancer un tunnel sous la Manche avec deux tubes d'acier livrant passage à des convois tractés par des locomotives électriques.

Claude Debussy achève Prélude à l'après-midi d'un faune. Dvorak compose La Symphonie du Nouveau Monde, Gabriel Fauré, le 1er Nocturne, Gustav Mahler, la 2éme Symphonie. Les fervents d'opéra peuvent assister aux représentations de Falstaff et d'Otello, de Verdi, et de Thaïs, de Jules Massenet. Antoine fait jouer Maison de poupée d'Henrik Ibsen au Théâtre-Libre. Verlaine est élu " prince des poètes ".

Les amateurs de nouveautés littéraires ont le choix entre: Les Morticoles, de Léon Daudet, Derniers essais de critique d'histoire, de Taine, Le Lys rouge., d'Anatole France, Poil de carotte, de Jules Renard, Lés Chan­sons de, Bilitis, de Pierre Louys, Les Cinq Sous de Lavarède, de Paul d'Ivoi, La fin du monde, de Camille Flammarion. Et pour ceux qui maîtrisent l'anglais : Le Livre de la jungle, de Rudyard Kipling. Le dernier tome, posthume, du Capital paraît.

Monet peint la cathédrale de Rouen, le Douanier Rousseau, La guerre, Toulouse-Lautrec, l'Album Yvette Guilbert, illustré de seize lithographies, Vuillard réalise des décorations pour Natanson, et Mucha, une affiche pour Gismonda, que joue Sarah Bernhardt. Rodin sculpte ses Bourgeois de Calais, Vincent d'Indy fonde la Schola cantorum.

Et tandis que se déroulent ces événements, de futurs écrivains, cinéastes, photographes, souverains, acteurs et savants viennent au monde. Ils se nomment Josef von Sternberg, Jean Renoir, Louis-Ferdinand Céline, Dashiell Hammett, Jacques-Henri. Lartigue, Édouard VIII d'Angleterre, Mary Marquet, Jean Rostand.

Le procès pour avortement dont il est question dans ce roman s'est déroulé en novembre

1891 devant les assises de la Seine. La presse de l'époque a largement relaté le déroulement des audiences.

Une polémique s'est engagée via les journaux : on ne fait plus assez d'enfants, le pays se dépeuple, il y a deux fois moins de naissances par an en France qu'en Allemagne. Les causes principales sont imputées à la prostitution due aux bas salaires féminins, aux nom­breux infanticides et aux avortements.

Les avortements, « voilà la lèpre qui ronge notre société moderne et concourt à amener la dénatalité », publie La Patrie dans ses colonnes..... »

Les jeunes si peu au courant de l'histoire de notre pays et de la capitale aurait tout intérèt à lire ces 6 tomes. Ils sont tous parus dans la collection Grands détectives chez 10-18 et donc sont abordables pour toutes les bourses.

A ne pas manquer. Le prochain épisode sortira en 2008 : "Rendez vous passage d'Enfer".

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Talleyrand de Jean Orieux (23/08/2006)  (Livres)posté le vendredi 03 novembre 2006 22:33

 

Quand j'étais adolescent (« what a memory » comme disait Oscar Wilde à une vieille comtesse !), je n'aimais pas beaucoup lire, au grand dam de mes parents qui considéraient à juste titre que cet exercice permettait non seulement d'acquérir un style mais surtout de faire travailler ses cellules grises et d'acquérir de l'expérience à travers celle d'autrui.

En 1962 j'eus la chance au cours de ma première années de fac, d'avoir un des plus brillants professeur d'histoire de la faculté de Grenoble. Jacques Chevallier nous envoûtait littéralement lors de ses cours d'histoire des institutions du moyen âge à la révolution. Dans sa robe à parements rouge et d'hermine, avec ses effets de manche, et sa voix de stentor aux accents du midi, nous vivions les croisades ou les exploits de tel ou tel personnage. Ce fut le déclencheur qu'il me fallait et depuis je lis plusieurs livres par mois voire plusieurs livres simultanément. Un autre de mes maîtres illustres fut le professeur de droit civil Jean Carbonnier qui avait écrit les deux tomes de chez Thémis au programme des 1 ère et seconde année de sciences économiques. Je me souviens d'avoir lu d'un trait sur la plage de Cagnes sur mer , ces deux ouvrages avant même mon entrée en fac.

J'adore les biographies, j'adore l'histoire.

En 1966-1970 Jean Orieux a écrit une admirable biographie de Talleyrand parue chez Flammarion et qui est sans doute encore aujourd'hui considérée comme la bible sur ce ministre de Napoléon, qui survécut à trois régimes et eu une prescience des événements politiques et économiques de son époque et sans doute du déroulement de l'histoire de France jusqu'au XXième siécle.

Je viens de terminer la lecture de cet ouvrage de prés de 900 pages. Livre magnifique, remarquablement documenté, plein d'humour, écrit par un auteur passionné par son sujet et surtout par le personnage qu'il raconte. Livre aussi d'une impartialité remarquable, phénomène rare dans les biographies des hommes illustres.

On reste confondu devant la vision de ce ministre qui prédit que les soit disant exploits de Napoléon 1er, nous vaudraient la haine constante de nombres de pays d'Europe dont celle de l'Allemagne et de la Russie jusqu'à nos jours. Il avait tenté en vain de dissuader Napoléon de faire ses différentes conquêtes  mais ce dernier s'obstinât dans une intolérable mégalomanie et soif de puissance. Le résultat nous le connaissons 1870, 1914, 1939. Le démantèlement de l'Europe du Congrès de Vienne de 1814-1815 fut le résultat de sa politique de conquêtes.

Le Prince de Bénévent déchaîna les passions de ses contemporains. Le plus hargneux, le plus haineux d'entre eux fut aussi un des grands auteurs français : Chateaubriand. Nul sans doute n'a atteint la bassesse à ce point dans les attaques motivées par la jalousie et l'envie. Les extraits qu'en donnent Jean Orieux dans son livre laissent pantois. On a honte de voir sous une pareille plume de pareilles ordures.

Charles Maurice de Périgord  incarne aussi l'extraordinaire esprit et humour de toute cette fin du XVIII-ième siècle. Voici quelques un de ses traits qui méritent d'être cités ici :

Quand Charles X dit à Talleyrand que la France serait sauvé par les Ultras, ce dernier lui répondit : « Sire, je n'ai jamais cru que le Capitole ait été sauvé par des oies » !

  • Il écoutait un jour un diplomate allemand qui s'était lancé dans une période interminable . Il prit un air accablé en l'écoutant docilement sans l'interrompre. « Qu'attendez cous » lui demanda quelqu'un.- « le verbe » répondit-il !
  • en parlant de Thiers que l'on traitait de parvenu il a eu ce mot: "Non, Monsieur, Monsieur Thiers n'est pas parvenu, il est arrivé!"
  • on parlait d'un des favoris de Louis XVIII M; de Blacas, Talleyrand de dire "avec 150000 francs de traitement il a réussi a faire 8 millions d'économies"!    
  • il lui était posé la question suivante: le roi a tenu conseil pendant 3 heures, que s'est-il passé? Sa réponse: "3 heures!"

Balzac lui a décerné un hommage dans le Père Goriot ; il fait dire à Vautrin : « Le Prince a évité à la France le démembrement, on lui doit des couronnes, on lui jette de la boue. »

Voilà un ouvrage qui mérite de figurer en bonne place dans la bibliothèque de chacun d'entre nous et que la jeunesse actuelle aurait tout intérêt à lire dès le secondaire si négligent sur l'histoire de France.

Le Tableau de Paris (16/09/2006)  (Livres)posté le vendredi 03 novembre 2006 22:15

Blog de claude101141 :Memories are made of this...., Le Tableau de Paris (16/09/2006)

 

Pour le bicentenaire de la Révolution française, le CNRS et Le Mercure de France ont eu l'idée heureuse de réimprimer un ouvrage sans doute peu connu du grand public : Le Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier

Cette fresque en 4 volumes de prés de 9000 pages dresse un panorama plein d'humour et souvent encore fort actuel, des mœurs, pratiques de la capitale et de ses habitants.

Voici ce qu'en dit l'encyclopédie Wikipedia:  

 

Louis-Sébastien Mercier (6 juin 1740 - 25 avril 1814à Paris) est un écrivain français. Mercier est issu d'une famille de la petite bourgeoisie. Son père, originaire de Metz, était fabricant d'épées et marchand. Vers 1765, son goût pour le théâtre et les romans, ainsi que son amitié avec Crébillon fils, le décidèrent à vivre de sa plume. Il écrivit alors quelques essais critiques sur le milieu littéraire et des récits.

En 1771, la publication d'une utopie, L'An 2440, rêve s'il en fut jamais, lui valut la célébrité.

Ce roman uchronique, peut-être considéré comme le premier roman d'anticipation à travers laquelle on retrouve le programme de la philosophie des Lumières. Le narrateur y raconte comment il s'est endormi en 1770, au temps de la splendeur du Roi Soleil, pour se réveiller en 2440 dans une France libérée par une révolution paisible et heureuse. Il va à Versailles et retrouve le château en ruine. Puis il rencontre un vieillard qui est Louis XIV. Le vieillard commence a pleurer, parce qu'il a un sentiment de culpabilité. À la fin, le narrateur se réveille et se rend compte que ce n'était qu'un rêve.

Le roman exprime le contraste entre le système de l'absolutisme et une société libre, où le mérite personnel a remplacé les privilèges héréditaires. Mercier critique le fait que le roi ne s'occupe pas suffisamment du peuple. Il s'occupe du palais, des fêtes, des monuments et de la splendeur, au lieu d'améliorer les conditions de vie du peuple et de l'éclairer. La morale: Les monuments de l'orgueil sont fragiles. Il publia ensuite de nombreuses pièces de théâtre, drames historiques ou bourgeois, dont quelques-unes eurent un certain succès, notamment provincial. Dès lors, ses essais se firent plus polémiques.

En 1781 commença la publication du Tableau de Paris, document irremplaçable et témoignage pittoresque sur les mœurs de l'époque. De 1781 à 1785, craignant d'être poursuivi en justice, il séjourna dans la principauté de Neuchâtel. Il y travailla à son Tableau, dont les derniers volumes furent publiés en 1788, et qui comptèrent finalement plus de mille chapitres.

À partir de 1789, il collabora à plusieurs journaux, notamment aux Annales patriotiques, dont il fut le fondateur en compagnie de Jean-Louis Carra. Il fut élu député du département de Seine-et-Oise à la Convention (1792), vota en faveur de la détention de Louis XVI et protesta contre l'arrestation des Girondins en signant la protestation contre la journée du 31 mai 1793. Cette prise de position lui valut d'être arrêté et emprisonné plus d'un an. Réélu au Conseil des Cinq-Cents député du département du Nord, il en sortit le 20 mai 1797, fut nommé contrôleur de la Loterie, puis professeur d'histoire à l'Ecole Centrale de Paris et membre de l'Institut. Il se tint à l'écart de la politique à partir de 1798.

Il publia encore plusieurs ouvrages, notamment le Nouveau Paris (1798).

On est frappé en lisant cet ouvrage, par l'actualité de certaines de ses remarques ou de ses portraits. Voici le chapitre 16 sur les Signes.

Manque de signes.


Montesquieu a dit : tout va bien lorsque l' argent représente si parfaitement les choses, qu' on peut avoir les choses dès qu' on a l' argent ; et lorsque les choses représentent si bien l' argent, qu' on peut avoir l' argent dès qu' on a les
choses . Voilà une de ces vérités fécondes, qui devroit être méditée par les administrateurs des états et par les hommes en place ; mais ils ne lisent
pas Montesquieu.


Que de choses invendues faute d' un signe assez multiplié ! Et que de choses à vendre qui ne se vendent point ! à peine les journaliers trouvent-ils tout de suite un argent tout prêt. Pour un acheteur qui puisse payer comptant,
cinquante autres vous offriront des billets. C' est donc un grand vice de n' avoir pour signe d' échanges que des métaux . Il manque au voeu de Montesquieu son accomplissement. Il est difficile de vendre, et très-difficile de se vendre. Beaucoup d' hommes restent sans emploi : les travaux privés languissent ; les
travaux publics ne vont pas mieux. Tout indique donc le défaut presqu' absolu des signes d' échanges : tout nécessite aujourd' hui une banque qui verse une multitude de signes représentatifs, parce qu' il y a obstruction caractérisée dans la circulation. On a donc un besoin pressant de ces signes qui représentent
toute espece de valeur avec une parfaite égalité. Sans la rapidité des échanges, la
vie du corps politique languit, et nous languissons.

Des billets de banque, c' est-à-dire, un papier-monnoie , qui proportionneroit
l' abondance des signes à la multitude des choses invendues et qui sont à vendre, peut seul parer aux besoins multipliés de la capitale, parce que l' abondance des signes doit répondre à l' abondance des besoins ; et nous sommes dévorés de besoins. Les lumieres répandues sur ces objets, et qu' on veut méconnoître, attestent que cette banque ne pourroit avoir rien de commun avec le méprisable papier de Laws. C' est son empyrisme même qui servira à nous éclairer ;
c' est l' abus outré qu' il a fait de ce remede, qui nous le rendra sain et utile.

Qu' on songe à l' activité qu' il imprima, et au bien momentané qu' il fit dans son extravagance. Aujourd' hui que la raison publique préside à tout calcul, et que le calcul ne sauroit s' égarer, il n' y a qu' une terreur enfantine qui puisse interdire en France ce papier-monnoie , dont l' absence empêche le royaume de profiter de tous ses avantages. Je sais qu' il n' est pas possible en ce point d' imiter

l' Angleterre, parce qu' il y aura toujours une énorme différence entre une dette
nationale et une dette royale ; mais on pourroit créer, non les billets d' état de Laws, mais des billets de banque, dans une proportion sage, modérée, et qui circuleroient sous l' oeil du gouvernement qui consentiroit alors à jouir de la richesse publique, sans porter la main à la machine qui mettroit en action cette banque nationale.

On s' étonnera un jour de notre inattention et de nos préjugés aveugles et opiniâtres, qui rejettent les moyens les plus simples, les plus souples et les plus féconds pour la grande prospérité du royaume. Le parchemin des contrats n' est point le papier-monnoie ; il en est l' opposé. Un emprunt royal n' est pas le
signe reproductif.

Le Chapitre suivant ne manque pas d'humour et d'actualité.

Le parisien en province.

Quand un parisien a quitté Paris, alors il ne cesse en province de parler de la capitale. Il rapporte tout ce qu' il voit à ses usages et à ses coutumes ; il affecte de trouver ridicule ce qui s' en écarte ; il veut que tout le monde réforme ses idées pour lui plaire et l' amuser. Il parle de la cour comme s' il la connoissoit ; des hommes de lettres comme s' ils étoient ses amis ; des sociétés comme s' il y avoit donné le ton. Il connoît aussi les ministres, les hommes en place. Il y jouit d' un crédit considérable ; son nom est cité. Il n' y a enfin de savoir, de génie, de politesse qu' à Paris. Il aventure de pareils propos devant des personnes qui ont du sens et des années. Il faut qu' il prenne tous ceux qui l' écoutent
pour des sots, ou que la manie de parler avantageusement de soi l' aveugle sur

l' extrême facilité que l' on auroit à relever ses erreurs et ses mensonges ; mais il s' imagine se donner du relief, en ne vantant que Paris et la cour.

Le vers fameux :
elle a d' assez beaux yeux pour des yeux de province, le parisien l' applique à son insu à tout ce qui n' est pas dans sa sphere ; il diroit volontiers à Bordeaux et à Nantes : mais la Garonne et la Loire sont d' assez beaux fleuves pour des fleuves de province .

Certains trouveront difficile et fastidieux de lire un pareil pavé, qu'ils s'en détrompent. Le style est remarquable et les chapitres cours et peuvent se lire en zigzag. On y a apprend des quantités de détails sur la vie de la capitale et de ses habitants, il y a deux siècles. Le 4eme tome est essentiellement consacré à des cartes des quartiers de Paris du temps de Mercier, rapprochées en vis a vis de ces mêmes quartiers de nos jours.

L'intégralité de l'ouvrage peut être consulté sur la base Gallica au lien suivant:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k89044d

Bonne lecture!

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