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Tempi passati
11 février 2017

Churchill et la France de Christian Destremau

Ce nouveau livre récemment paru tente une nouvelle fois de cerner les rapports entre les deux plus grands hommes d'Etat du XXème siècle que sont Churchill et le Général de Gaulle. 

Si l'historien doit prendre garde à émettre un jugement sur les personnages dont il décrit la vie et les actes, s'il doit prendre du recul par rapport aux faits historiques ne fut-ce que pour bénéficier du maximum de ressources documentaires en particulier du fait de nombreux documents classés secrets d'Etat pendant de longues périodes auxquels il ne pourra pas y avoir accès, il se doit avant tout d'être impartial.

Je ne doute pas que Monsieur Destremau ait fait le maximum pour accéder au maximum d'informations aujourd'hui déclassifiées, d'ailleurs son livre porte la certification si l'on peut dire du Ministère de la défense. Il n'empêche qu'il ne peut encore avoir accès à de nombreux documents britanniques qui ne le seront qu'en 2050 si ma mémoire est bonne.

Ce livre intéressant et qui dans le fond ne nous apporte pas grand chose de nouveau, démystifie c'est certain l'image que l'on peut avoir de Churchill, mettant en lumière son caractère léger, son gout effréné de la bonne chère et des alcools, son gout du luxe qui lui fait croire qu'il connait la mentalité française alors qu'il n'a accès qu'à ses dirigeants qui bien souvent donne une image trompeuse d'un pays au travers de leurs opinions politiques  Churchill aimait la France cela est incontestable. Mais il est certain qu'il s'est largement trompé sur la valeur de son armée et de son état major. Le livre le démontre parfaitement de même qu'il montre a quel point il n'hésite pas à arranger les faits historiques et ses actes quand ceux ci le dérangent dans sa démonstration pro domo. Pour De Gaulle le même phénomène s'est produit dans ses mémoires de guerre d'après les spécialistes; je me garderai bien d'en parler ne les ayant pas lues.

Ce qui me dérange profondément dans ce livre c'est sa partialité et son antigaullisme patent. Ce qui me dérange c'est l'absence de contestation nettes de certaines affirmations de Churchill comme par exemple lorsqu'il arrive enfin en France après le débarquement où tout lui parait rose en Normandie, "... les prés étaient remplies de ravissantes vaches,...., les habitants étaient plutôt de bonne humeur...". Brooke qui l'accompagne parle " d'une France ... à peine affectée par cinq années d'occupation...". Ils ne sont pas difficiles!

Soit, plus loin l'auteur parle de la stupéfaction des visiteurs devant les destructions résultant des bombardements sur Caen et autres villes de la région. Mais tout cela manque de force dans le texte.

Par contre lorsqu'il s'agit de prendre le parti de Churchill dans ses colères contre de Gaulle rien ne vient atténuer les critiques et à aucun moment une réelle défense des colères du général n'apparait dans le texte.

On est à cent lieux de l'impartialité d'un François Kersaudy dans son livre "Churchill et de Gaulle, la mésentente cordiale" paru en 1981 et remanié en 2001-2003.

Comment peut-on écrire en commentant la phrase - "Quelle tristesse..." -du général voyant s'éloigner un Churchill affaibli par l'âge et les soucis de santé , le 18 juin 1958, "...un hommage surprenant et qui manque singulèrement de chaleur"! Il va falloir que monsieur Destremau révise sa façon de faire de la psychologie. C'est justement parce que de Gaulle admire et l'a dit voire écrit, le grand chef d'Etat britannique, que le voir ainsi cela l'attriste lui qui l'a connu au fait de sa gloire, de son extraordinaire dynamisme, de sa fougue.

A aucun moment l'attitude scandaleuse de Roosevelt vis à vis de de Gaulle n'est véritablement critiquée. Personne ne conteste que le général avait un caractère difficile mais enfin peut-être qu'un homme de cette stature, le seul à avoir eu le courage le 16 ou 17 juin 1940 à refuser l'abominable défaitisme mu par l'ambition, le nationalisme chauvin d'un Pétain, a tout quitté pour partir en Grande Bretagne et poursuivre le combat ne sachant pas quelle serait la réaction des britanniques à ce qui s'apparentait à une désertion passible de cour martiale et de condamnation à mort par les collaborateurs du gouvernement illégal français ( illégal car une assemblée qui vote un texte alors que nombre de députés sont en détention en Afrique du Nord ayant cru que le gouvernement continuerait la lutte hors du territoire est en infraction avec se constitution. Laval et Pétain ne se sont pas embarrasses de ce genre d'acte pour commencer leur parcours à Bordeaux) , si son pays d'accueil lui avait refusé l'entrée de leur territoire. Quel pari!

Mettre sur l'ambition avant tout, les réactions du général est tout de même un peu fort de café! De Gaulle était mu par un patriotisme sans conteste pour son pays et l'a démontré à plusieurs reprises dans ses actes et dans ses ouvrages avant la guerre, mettant en permanence en garde le gouvernement comme les militaires sur le danger de leur vision totalement archaïque de ce que seraient les moyens mis en œuvre en cas de conflit armé. 

Livre encore une fois intéressant mais qui pour moi manque totalement d'objectivité ce qui en diminue sérieusement la portée. Le livre de François Kersaudy cité plus haut a autrement plus de force et d'humanité que ce dernier essai.

 

 

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