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Tempi passati
21 janvier 2016

Soirées en perspective

Ce soir  concert au théâtre des champs Elysées dont voici le programme pour une fois original: 

Beethoven  Egmont, ouverture 
Hummel  Concerto pour trompette et orchestre 
Michael Haydn  Concerto pour trompette et orchestre n° 2 MH 60 
Beethoven  Symphonie n° 4 op. 60

Les solistes:

Orchestre de chambre de Paris
Douglas Boyd direction
Reinhold Friedrich trompette 

Lundi ce sera Capriccio de Richard Strauss dans la fabuleuse mise en scène de Robert Carsen à Garnier avec en clou de fin de spectacle la scène s'ouvrant sur le foyer de la danse d'abord répliquée en trompe l’œil sur le plateau. Le sujet de l'opéra est particulièrement intéressant.
C'est Strauss et le grand chef Clemens Krauss qui ont signé le livret de cette oeuvre lyrique ultime du grand compositeur. 
La comtesse reçoit dans son château des invités dont Olivier le librettiste et poète et Flamand le musicien. Elle désire que soit donné dans son théâtre privé un opéra pour son anniversaire et les deux artistes viennent lui présenter leurs projets accompagnés par un metteur en scène et d'éventuels interprètes deux chanteurs et une danseuse. L'opéra est une conversation (sous-titre de l'oeuvre elle-même) entre tous les personnages sur le thème de "qu'est-ce qui est important dans une oeuvre lyrique et en art en général, la musique ou les paroles, est-ce le texte qui doit primer sur la partition ou le contraire: "Primo le parole doppo la musica ou l'inverse". 
Bien entendu il n'y a pas de réponse et ses invités partis la comtesse se retrouve seule dans son grand salon devant la grande glace qui ferme celui ci. Mais en fait son dilemme est aussi sentimental car elle est amoureuse des deux artistes. Qui choisir Olivier ou Flamant? Le majordome arrive et annonce que le diner est prêt, il ramasse le livret et la partition tombés sur le sol et les tend à la comtesse qui s'avance vers le fond de la scène tout en se disant que la nuit portera conseil et c'est alors que le faux salon monte dans les cintres découvrant la scène vide de Garnier tandis que les machinistes rangent les décors et qu'au fond dans le foyer de la danse grand ouvert et illuminé, la danseuse finit son travail à la barre devant la grande glace qui ferme le foyer. En fait nous avons assisté au final de l'opéra proposé et dans le dvd fait par l'opéra et filmé en partie en représentation, François Roussillon très habilement nous montre en plans de coupe, le metteur en scène, les deux artistes et la comtesse assistant au spectacle depuis une loge. Ici bien sûr il montre la même interprète pour le rôle de la comtesse, René Fleming la magnifique soprano qui a interprété le rôle lors de la création dans cette mise en scène en 2004 pour la fin du mandat de Hughes Gall le directeur de l'opéra de Paris digne disciple de Rolf Liebermann à qui l'on doit les plus belles soirées des années 1973-1980 dont la fabuleuse production de Strehler de 1973 des Noces de Figaro qui tint l'affiche pendant plus de trente ans à Paris et totalement inégalée à ce jour. Nous avons dû hélas depuis avec l'arrivée d'abord de Gérard Mortier et puis de ses successeurs subir les mises en scènes monstrueuses de soit disant artistes comme Olivier Py et bien d'autres se prenant pour des sommités méprisant pour les compositeurs et librettistes qu'ils ont normalement l'OBLIGATION DE SERVIR et NON PAS DE S'EN SERVIR.

Ce final est magistralement joué par Fleming profondément émouvante et qui me bouleverse à chaque fois que je vois l'oeuvre. Il y eut en 1993 une autre magnifique production importée de Genève avec une autre grande soprano Felicity Lott. C'était l'entrée au répertoire de l'opéra de Paris de l'oeuvre, preuve une fois de plus de l'étroitesse d'esprit des français en matière musical et du peu de curiosité du public. On préfère les flons flons à la Gounod, aux livrets stupides où les héroïnes mettent deux heures pour mourir! 
Dans cette autre production qui me fit découvrir cette œuvre, l'idée de l'intemporalité de la question posée était suggérée par un décor dont les éléments baroques du début du spectacle se transformaient peu à peu en un salon moderne du XXe siècle.

Dernière soirée en perspective dont je parlerai plus tard, le 30 Janvier à Radio France dans le très bel auditorium, une version de concert de l'oeuvre de Korngold, "La ville morte".

De quoi régaler les yeux et les oreilles en cette période bien glacée à tous points de vue qui sévit dans notre pays.

Pour les parisiens, si vous le pouvez ne manquez pas Capriccio, peut-être que sur la bourse aux billets de l'opéra de Paris vous pourriez encore trouver des places pas trop mal situées. Cela vaut l'effort de la recherche pour les vrais mélomanes ou en tous les cas ceux qui savent être curieux de connaitre de nouvelles oeuvres.

Ci dessous deux photos de la scène finale:

Soirées en perspective

 

Soirées en perspective

 

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