La haine et la honte, journal d'un aristocrate allemand 1936-1944 est un livre de Friedrich Reck-Malleczewen qui vient de faire l'objet d'une nouvelle publication chez Vuibert, sous la traduction de Elie Gabey et Pierre-Emmanuel Dauzat.

Pour simplifier je m'en tiendrai au nom de Reck pour parler de l'auteur de ce remarquable et courageux ouvrage.

Mais tout d'abord qui en est l'auteur? Je reprends ici les éléments biographiques de Wikipedia.

Fritz Reck est le fils du propriétaire terrien et député conservateur .... Malgré son désir d'être musicien, son père l'envoie dans l'armée et à Iéna en 1904.

Il rompt avec sa carrière d'officier et va étudier la médecine. Après son examen d'État et son doctorat obtenu Reck est brièvement assistant à Königsberg. Dans le même temps, il commence à écrire dans des journaux. Grâce à un emploi de médecin de bord, il voyage en 1912 à travers l'Amérique. Ensuite il est critique de théâtre et journaliste à Stuttgart. Comme il est atteint par le diabète sucré, il n'est pas appelé pour la Première Guerre mondiale.

Après ses études, il épouse en 1908 Anna Louise Büttner, étudiante en musique et fille d'un conseiller impérial russe. En 1913, il fait la connaissance à Munich d'Irma Glaser. En 1917, elle devient sa secrétaire. Elle lui sert de modèle pour le roman L'Étrangère, publié en 1917. Elle vit alternativement à Pasing, Berne et Vienne. En 1920, elle s'installe chez lui. Le premier couple de Reck, d'où sont nés trois filles et un garçon, se sépare en 1930. Après près de 20 ans de vie commune, Irma Glaser meurt en 1933 dans des circonstances mystérieuses par empoisonnement au gaz dans la maison de Reck. La même année, Reck se convertit au catholicisme et vient habiter le château à Chiemgau, qu'il a acheté en 1925. En 1935, il épouse la fille adoptive d'un ami, Irmgard von Borcke. De cette union naissent trois filles.

Comme d'autres partisans de la Révolution conservatrice de Weimar, tels que Frank Thiess, Reck espère d'abord que le nazisme arrêtera le nivellement social de l'individu. Son journal intime "d'un désespéré" qu'il commence en 1936 montre comment l'espoir se transforme en haine des nazis. Il reproche à Claus von Stauffenberg d'avoir amené Hitler au pouvoir et apporte sa sympathie aux résistants de La Rose blanche [Sophie Sholl et son frère]. En raison d'une dénonciation (pour laquelle, selon le Süddeutsche Zeitung du 2 mai 1948, Alfred Salat sera condamné à trois ans de travaux forcés), Reck est arrêté en octobre 1944 par la Gestapo, puis libéré peu après sans qu'on ait trouvé des charges contre lui. Le même informateur rapporte son mépris de la monnaie allemande lors du Réveillon, Reck est arrêté le 9 janvier 1945 et envoyé au camp de concentration de Dachau où il meurt le 16 février 1945 (et non pas après avril comme dit dans l'article de Wikipedia. (cf note du traducteur du livre dans sa dernière édition))

Ce livre bouleversant et passionnant non seulement nous transporte dans le quotidien d'un opposant au régime dont il subit les conséquences à plus d'un titre, mais aussi par une sorte de vision à long terme de ce qu'aurait du déjà être l'Europe à l'époque où il écrit. Ainsi ces quelques lignes ne sont pas sans rappeler les opposants irresponsables actuels qui verraient d'un bon œil la sortie de la France de la Communauté Européenne:

"..J'ai jadis négligé l'idée de l'unité européenne et je sais parfaitement qu'aujourd'hui nous ne pouvons plus nous payer le luxe de continuer à la négliger..."

Dans tout le livre revient en permanence les thèmes de compétences, de consommation à outrance de produits de seconde zone, les "erzats". Il met en lumière violemment et en mots directs et crus, le niveau culturel de l'ensemble des dirigeants Nazis, parvenus voire délinquants mis au pouvoir par Hitler, individus aigris cherchant au travers du régime à satisfaire des vengeances personnelles ou une revanche contre ceux qui dirigeaient avant le pays.

On ne peut s'empêcher de voir une certaine similitude avec le niveau actuel au plan culturel de la France et de bien des pays occidentaux, cette manie égalitariste qui ne repose que sur un doux rêve totalement irréalisable et qui résulte également du caractère envieux d'individus qui n'ont pas su sortir du rang faute d'en faire l'effort de façon constructive. Ce sous bassement est le terrain privilégié des extrêmes pour venir au pouvoir et il suffit alors pour qu'un fou à lier comme un Hitler réussisse par de belles phrases à embobiner le citoyen moyen pour que l'on débouche sur un régime totalitaire mettant en coupe réglée tout un pays. Qu'on ne s'y trompe pas, que ceux qui seraient tentés de voter pour le Front National feraient la même erreur que ceux qui au départ en Allemagne ont cru aux grandes promesses du dictateur et de ses sbires. Le résultat fut la destruction totale d'un pays tant économiquement que socialement et culturellement. Il existe un courant non négligeable aujourd'hui de gens qui vont jusqu'à glorifier des phalanges comme les SS leur prêtant un courage qu'ils n'ont nullement eu car leur soit disant courage s'appelle fanatisme au même titre que les kamikaze Japonais.

Reck cite intégralement dans son livre la lettre reçu le 22 septembre 1939, (la seconde guerre mondiale avait été déclarée 19 jours avant), d'un jeune pilote de la Luftwaffe dont voici quelques phrases:

"...Je pense que nous mènerons la guerre contre l'Angleterre avec la même logique glaciale, tout le contraire de la confusion idéologique et stratégique du temps de Guillaume II..."

plus loin:

"...De toutes façons, il y aura un massacre de premier ordre et si je devais un de ces jours tomber en flammes du ciel, je proclamerai encore à la dernière minute;" nous avons eu notre part de joie"..."

Reck commente: "Est-ce un apache, un criminel évadé de prison qui m'a écrit cela? Pas du tout, c'est un bon jeune homme aux yeux bleus rayonnants, à l'éternel sourire de petit garçon, parfaitement inoffensif dans la vie civile..."

Le livre en est à sa quatrième édition depuis 1946 et est rarement cité dans les ouvrages traitant de cette période ce qui est inadmissible. On oublie trop souvent qu'en dehors des témoignages non crus de ceux qui réussirent à quitter l'Allemagne à temps, il y eut pendant les 12 ans que durèrent officiellement le troisième Reich, une immigration intérieure, véritable mouvement de résistance hélas dépassée par la poigne d'airain qui pesait sur le pays et sa population dont une majorité hélas était comme anesthésiée, chloroformée par le régime.

Un livre à lire absolument en particulier par les jeunes mais aussi les seniors avant d'aller commettre l'irréparable aux prochaines élections tant régionales que futures présidentielles.

La haine et la honte, journal d'un aristocrate allemand 1936-1944 est un livre de Friedrich Reck-Malleczewen qui vient de faire l'objet d'une nouvelle publication chez Vuibert, sous la traduction de Elie Gabey et Pierre-Emmanuel Dauzat.

Pour simplifier je m'en tiendrai au nom de Reck pour parler de l'auteur de ce remarquable et courageux ouvrage.

Mais tout d'abord qui en est l'auteur? Je reprends ici les éléments biographiques de Wikipedia.

Fritz Reck est le fils du propriétaire terrien et député conservateur .... Malgré son désir d'être musicien, son père l'envoie dans l'armée et à Iéna en 1904.

Il rompt avec sa carrière d'officier et va étudier la médecine. Après son examen d'État et son doctorat obtenu Reck est brièvement assistant à Königsberg. Dans le même temps, il commence à écrire dans des journaux. Grâce à un emploi de médecin de bord, il voyage en 1912 à travers l'Amérique. Ensuite il est critique de théâtre et journaliste à Stuttgart. Comme il est atteint par le diabète sucré, il n'est pas appelé pour la Première Guerre mondiale.

Après ses études, il épouse en 1908 Anna Louise Büttner, étudiante en musique et fille d'un conseiller impérial russe. En 1913, il fait la connaissance à Munich d'Irma Glaser. En 1917, elle devient sa secrétaire. Elle lui sert de modèle pour le roman L'Étrangère, publié en 1917. Elle vit alternativement à Pasing, Berne et Vienne. En 1920, elle s'installe chez lui. Le premier couple de Reck, d'où sont nés trois filles et un garçon, se sépare en 1930. Après près de 20 ans de vie commune, Irma Glaser meurt en 1933 dans des circonstances mystérieuses par empoisonnement au gaz dans la maison de Reck. La même année, Reck se convertit au catholicisme et vient habiter le château à Chiemgau, qu'il a acheté en 1925. En 1935, il épouse la fille adoptive d'un ami, Irmgard von Borcke. De cette union naissent trois filles.

Comme d'autres partisans de la Révolution conservatrice de Weimar, tels que Frank Thiess, Reck espère d'abord que le nazisme arrêtera le nivellement social de l'individu. Son journal intime "d'un désespéré" qu'il commence en 1936 montre comment l'espoir se transforme en haine des nazis. Il reproche à Claus von Stauffenberg d'avoir amené Hitler au pouvoir et apporte sa sympathie aux résistants de La Rose blanche [Sophie Sholl et son frère]. En raison d'une dénonciation (pour laquelle, selon le Süddeutsche Zeitung du 2 mai 1948, Alfred Salat sera condamné à trois ans de travaux forcés), Reck est arrêté en octobre 1944 par la Gestapo, puis libéré peu après sans qu'on ait trouvé des charges contre lui. Le même informateur rapporte son mépris de la monnaie allemande lors du Réveillon, Reck est arrêté le 9 janvier 1945 et envoyé au camp de concentration de Dachau où il meurt le 16 février 1945 et non pas après avril comme dit dans l'article de Wikipedia. (cf note du traducteur du livre dans sa dernière édition)

Ce livre bouleversant et passionnant non seulement nous transporte dans le quotidien d'un opposant au régime dont il subit les conséquences à plus d'un titre, mais aussi par une sorte de vision à long terme de ce qu'aurait du déjà être l'Europe à l'époque où il écrit. Ainsi ces quelques lignes ne sont pas sans rappeler les opposants irresponsables actuels qui verraient d'un bon œil la sortie de la France de la Communauté Européenne:

"..J'ai jadis négligé l'idée de l'unité européenne et je sais parfaitement qu'aujourd'hui nous ne pouvons plus nous payer le luxe de continuer à la négliger..."

Dans tout le livre revient en permanence les thèmes de compétences, de consommation à outrance de produits de seconde zone, les "erzats". Il met en lumière violemment et en mots directs et crus, le niveau culturel de l'ensemble des dirigeants Nazis, parvenus voire délinquants mis au pouvoir par Hitler, individus aigris cherchant au travers du régime à satisfaire des vengeances personnelles ou une revanche contre ceux qui dirigeaient avant le pays.

On ne peut s'empêcher de voir une certaine similitude avec le niveau actuel au plan culturel de la France et de bien des pays occidentaux, cette manie égalitariste qui ne repose que sur un doux rêve totalement irréalisable et qui résulte également du caractère envieux d'individus qui n'ont pas su sortir du rang faute d'en faire l'effort de façon constructive. Ce sous bassement est le terrain privilégié des extrêmes pour venir au pouvoir et il suffit alors pour qu'un fou à lier comme un Hitler réussisse par de belles phrases à embobiner le citoyen moyen pour que l'on débouche sur un régime totalitaire mettant en coupe réglée tout un pays. Qu'on ne s'y trompe pas, que ceux qui seraient tentés de voter pour le Front National feraient la même erreur que ceux qui au départ en Allemagne ont cru aux grandes promesses du dictateur et de ses sbires. Le résultat fut la destruction totale d'un pays tant économiquement que socialement et culturellement. Il existe un courant non négligeable aujourd'hui de gens qui vont jusqu'à glorifier des phalanges comme les SS leur prêtant un courage qu'ils n'ont nullement eu car leur soit disant courage s'appelle fanatisme au même titre que les kamikaze Japonais.

Reck cite intégralement dans son livre la lettre reçu le 22 septembre 1939, (la seconde guerre mondiale avait été déclarée 19 jours avant), d'un jeune pilote de la Luftwaffe dont voici quelques phrases:

"...Je pense que nous mènerons la guerre contre l'Angleterre avec la même logique glaciale, tout le contraire de la confusion idéologique et stratégique du temps de Guillaume II..."

plus loin:

"...De toutes façons, il y aura un massacre de premier ordre et si je devais un de ces jours tomber en flammes du ciel, je proclamerai encore à la dernière minute;" nous avons eu notre part de joie"..."

Reck commente: "Est-ce un apache, un criminel évadé de prison qui m'a écrit cela? Pas du tout, c'est un bon jeune homme aux yeux bleus rayonnants, à l'éternel sourire de petit garçon, parfaitement inoffensif dans la vie civile..."

Le livre en est à sa quatrième édition depuis 1946 et est rarement cité dans les ouvrages traitant de cette période ce qui est inadmissible. On oublie trop souvent qu'en dehors des témoignages non crus de ceux qui réussirent à quitter l'Allemagne à temps, il y eut pendant les 12 ans que durèrent officiellement le troisième Reich, une immigration intérieure, véritable mouvement de résistance hélas dépassée par la poigne d'airain qui pesait sur le pays et sa population dont une majorité hélas était comme anesthésiée, chloroformée par le régime.

Un livre à lire absolument en particulier par les jeunes mais aussi les seniors avant d'aller commettre l'irréparable aux prochaines élections tant régionales que futures présidentielles.

La Haine et la Honte

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