La poursuite de la lecture des mémoires de William Shirer est l'occasion de découvrir un compositeur américain que je ne connaissais pas, contemporain de Stravinski dont il a subi l'influence à l'écoute du morceau ci dessous qui fit scandale lors de sa création au Théâtre des Champs Elysées le 19 juin 1926. Shirer nous raconte cette soirée mémorable:

"...Le concert était organisé par l'écrivain Ezra Pound et dans la salle se trouvaient entre autres personnalités, Joyce, T.S.Eliot, Diaghileff et autres célébrités du monde de la musique, du théâtre, de la danse, des arts et de littérature...."

Je précise que l'oeuvre s'appelait Ballet mécanique pour 16 pianos mécaniques, 6 hélices d'avions,, gongs, une douzaine de ventilateurs,plusieurs xylophones,, cloches et autres instruments à percussions; les pianos comme les hélices étaient synchronisées....!

Shirer reprend: "...A peine commencé, Antheil assis au piano maitre et s'occupant des commandes électriques que le chahut commença dans la salle; Celle ci se répartit en deux camps des pour et des contres, en vint aux mains , des coups de poings furent copieusement échangés; je n'avais jamais rien de vue de pareil en France bien que sans doute de nombreux américains faisaient partie des beliigérants. Le vent des hélices fit s'envoler la perruque d'un vieux monsieur bien en chair qui traversa la salle pour aller attérir dans l'arrière scène! Autour de moi spectateurs et spectatrices tentaient de se protéger du bruit ou du vent des hélices en remontant les cols de leurs manteaux ou en enfonçant leurs chapeaux sur leurs oreilles; certains ouvraient leurs parapluies sans que je saches si c'était pour se protéger du bruit ou du vent violent des hélices ou pour exprimer leur mécontentement, sans doute pour les trois raisons à la fois!

Ezra Pound furieux bondit sur la scène hurlant: "Silence imbéciles, si ça ne vous plait pas sortez de la salle mais au moins ayez un comportement correct élémentaire! Il continua a crier en anglais, tout en faisant signe à son protégé de continuer ce qui était inutile car en dépit des invectives de la salle il ne s'était pas découragé et arrêté! A l'issue du concert les spectateurs restés saluèrent d'une ovation George Antheil...Dans son compte rendu dans "La Tribune", Ezra Pound soulignât que la salle à l'issue du concert avait eu conscience d'avoir assisté à une journée mémorable pour l'art et la musique. Chacun était conscient d'avoir participé à un évènement majeur. C'était tout à fait vrai, nul part ailleurs qu'à Paris pouvait-on assister à pareille représentation. Ce fut pour moi une soirée excitante, même si la conception musicale de Paul Antheil ne correspondait pas tout à fait à ma vision de la musique!..."

Alors à vous de juger selon la version choisie de l'oeuvre:

Celle de la création donnée avec un ensemble plus réduit à Bern en 2012

La version révisée raccourcie de 1956

Personnellement c'est cette version que j'aime bien. Son coté jazz et stravinskien me plait bien.. Mais enfin vous avez le droit de préférer celle de la création voire bien entendu de détester!

George Antheil (1900-1959)

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