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Tempi passati
10 janvier 2021

Notes de lecture: "M, l'enfant du siècle" de Antonio Scurati, "Seize the Trident" de Douglas Burgess

Aborder l’histoire d’une civilisation, d’un évènement ou d’un homme peut être envisagé sous bien des formes. Ce sera l’historien en homme de science qui apportera sa contribution de façon froide et austère, ce sera le style d’un William Shirer qui en fera un développement quasi journalistique, ce peut être le romancier tel Alexandre Dumas qui introduira dans le déroulement des faits une bonne dose d’imaginaire. Même s’il prend des libertés avec l’histoire, Dumas et ses trois mousquetaires nous fascine autant que les aventures de Ange Pitou aux moments les plus sinistres de la Révolution Française. Philip Kerr nous captive dans sa monumentale reconstitution de l’Allemagne Nazie avec son personnage de Bernie. Dans tous les cas se superposera la qualité du style, de l’écriture et en prime si l’œuvre est traduite d’une langue étrangère, le style et la maîtrise de la langue pour la traduire. Le mauvais traducteur pourra sans s’en rendre compte détruire la travail de recherches et d’écriture de l’auteur original.

Si nous avons aujourd’hui une connaissance, nous public non historiens, assez bonne et précise du fascisme et d’une de ses sinistres têtes d’affiches, Hitler, il n’est pas certain qu’il en soit de même du second acteur que fut Benito Mussolini. Il y a eu de nombreux livres qui lui furent consacré, mais qu’en est-il de leur capacité à captiver le lecteur. Personnellement je n’ai pas de réponse à cette question ne m’étant jusqu’à présent pas vraiment intéressé à ce personnage.

C’est pourquoi la critique faite dans l’émission « Historiquement Show » de la chaîne Histoire, d’un nouveau livre, première partie d’une trilogie, sur la vie du chef d’état italien a attiré mon attention.
 
Antonio Scurati a publié récemment en Italie un roman historique sur Mussolini, « M, l’enfant du siècle » traduit récemment en Français. Je l’ai donc acheté voulant mieux connaître cette période de l’histoire des pays européens durant la seconde guerre mondiale.

Hélas la déception fut grande. Non pas que le contenu historique soit l’objet de la moindre critique, mais le style de l’écriture en fait un ouvrage profondément ennuyeux, du moins de mon point de vue. L’originalité du livre tient dans le fait que les chapitres sont extrêmement courts, moins d’une dizaine de pages en général, séparés par des références bibliographiques, sous la forme d’extraits de conférences, articles parus dans les journaux de l’époque, citations des protagonistes du moment. C’est original mais cela a l’inconvénient de hacher le déroulement des évènements, voire de créer des redites. Le contenu historique n’avance pas en quelque sorte. Cela finit par lasser, par ennuyer. La traduction française vient-elle accroître cette impression ? Je ne saurais le dire n’ayant pas une connaissance réelle de la langue italienne et ne pouvant donc, juger de la qualité de la traduction. Ce n’est pas en écoutant Tosca qu’on apprend et maîtrise la langue de Gabriele d’Annunzio un des acteurs majeurs de cette époque et de la naissance du fascisme italien. Le résultat est qu’au bout de cent pages, je n’en pouvais plus, m’endormais au bout d’une ou deux pages de lecture. Cela allait durer tout au long des quelques 900 pages du bouquin, j’ai fini par renoncer. Dommage.

A contrario le second livre que je viens de commencer en langue anglaise cette fois, me captive dès la lecture de son chapitre introductif.

Douglas R. Burgess est un spécialiste de l’histoire maritime. J’ai eu la chance d’assister à bord du Queen Mary 2, en 2019, à ses conférences sur la piraterie et le rôle important que jouèrent les Etats Unis dans son développement aux cotés de la Grande Bretagne. Cela me conduisit à la lecture de « The Pirates Pact ».

Dans son livre publié en 2005, « Seize the Trident » l’auteur aborde  l’histoire du développement de la marine civile entrant dans l’ère moderne. Dès l’introduction l’auteur explique ce qui l’a amené à aborder et sous quel angle, un tel sujet qui le fascine depuis sa plus tendre enfance, un peu d’ailleurs comme ce fut le cas pour l’architecte qui présida à la construction du superbe Queen Mary 2. Mais au lieu de nous donner une sorte de catalogue des grands navires transatlantiques qui sillonnèrent le grand océan, Burgess s’intéresse à l’impact socio-économico politique que la naissance en 1889 de l’épopée des grands navires avait pu avoir. Son chapitre introductif que je viens de finir, nous fait revivre la visite de l’empereur de l’Allemagne, Guillaume II, du dernier fleuron de la marine britannique, « le Teutonic ». L’empereur a pour guide le Prince de Galles, les vaisseaux amiraux allemands mouillent non loin de là. La Grande Bretagne sait faire en matière de cérémonial fastueux et ce qui attend l’empereur à bord du nouveau navire va le fasciner au point de jouer un rôle majeur dans le déroulement des quelques 30 années qui vont suivre. La visite durera plus de deux heures au grand dam de ceux qui l’attendent sur sa flotte au mouillage.

Le Teutonic ouvre la voie au luxe, au confort mais aussi à la stratégie navale pour les conflits futurs qui arriveront hélas au bout de cette période. Commencée de façon amicale, simple compétition à qui fournira aux passagers des conditions de traversées autrement plus confortables même en ce que nous appellerons plus tard la classe économique, dégénérera en un instrument de mort autrement plus redoutable car le Teutonic est conçu pour être transformé en navire de guerre dans les plus brefs délais ; c’est cet aspect qui saute aux yeux du monarque assoiffé de pouvoir et impérialiste enragé. L’impact de cette avancée technologique jouera un rôle majeur dans les mouvements migratoires vers les USA des années qui vont suivre. En trente ans la traversée de l’Atlantique sera réduite de vingt quatre heures, finis les passagers immigrants entassés dans des cales à ciel ouvert. Même eux disposent de conditions d’hébergement qui enfin ne les réduisent pas au niveau de bétails. Salle à manger, cabines, lieu de réunions à bord, même si les salles de bains sont communes. Il n’en est pas de même par contre pour ceux qui veillent au fonctionnement des machines relégués à leur tour au fond du paquebot, eux qui faisaient les trapézistes dans les vergues.

Ce sont tous ces aspects de l’évolution de la marine civile que Burgess va aborder dans les quelques 300 pages de son ouvrage. Il le fait comme toujours dans un style fluide, ménageant les surprises et rendant ainsi la lecture d’un ouvrage qui pourrait être rébarbatif, passionnant et vivant. On est loin du style du roman historique de Scurati.

Le livre n’a pas fait l’objet d’une traduction en Français malheureusement pour ceux qui ne connaissent pas ou ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare.

Claude

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